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Gotthard Schuh

Dans le panthéon de la photographie européenne, il est un personnage qui reste par trop  méconnu, sauf de quelques passionnés, il s’agit de Gotthard Schuh.

La publication, d’un récent ouvrage, et l’exposition de la Fundacion MAPFRE à Madrid pourraient  remettre en lumière ce photographe Suisse qui reste comme l’un des pionniers du photojournalisme, et l’un des premiers photographes «humanistes».

La biographie de gotthardIl a influencé  d’autres figures, tel Robert Frank ou Bernard Plossu.A signaler également, l’excellent documentaire signé Villi Hermann, un réalisateur  Suisse allemand, qui a mis ses pas dans ceux du photographe pour retracer l'étonnant parcours de ce dernier. Ce film, "Gotthard Schuh. Una vision sensuale  del mondo » n’est pas encore distribué en France.

“J’ai toujours approché les choses culturelles qui m’entouraient, et m’entourent, dans une sorte d’état amoureux. Je ne veux pas parler d’amour, le mot serait inexact. Le terme d’approche amoureuse me convient mieux, à moi qui n’ai jamais abordé une impression sous un angle intellectuel. L’approche amoureuse implique une dimension impulsive, quelque chose qui ne peut s’expliquer de façon rationnelle.”  Gotthard Schuh


Gotthard Schuh est né le 22 décembre 1897 à  Schöneberg, près de Berlin, en Allemagne, de parents de nationalité Suisse. 
Son père officie comme ingénieur, et il est à la tête d’une société, la Sprecher & Schuh, qui produit des appareils électriques.

En 1902, ses parents et lui regagnent leur pays d’origine. 

Gotthard fait ses études primaires et secondaires à l’école cantonale d’Aarau.

1907 voit la naissance de sa soeur Fridli.

Il commence à peindre à l'âge de dix-sept ans, et s’inscrit à l'école des Arts et Métiers de Bâle en 1916. Suit une année d’étude, écourtée par le service militaire, qu’il effectue de 1917 à 1918, en qualité d’officier.

1919, de retour de l’armée, il appartient au groupe de peintre RotBlau. Il vit  de son art dès 1919, à Bâle, à Genève puis à Krailing en Allemagne. 

Malgré une première exposition de peinture en 1922, à la galerie Tanhauser de Munich, Gotthard Schuh  est enclin à une remise en question. Il doit se résoudre à exercer un "vrai" travail. Il dirige ensuite le magasin de photo Hausamann, à Berne en 1926, pendant un court moment. Il consacre ses loisirs à la photographie.

1927, il se marie, avec Marga Zurcher-St Gall, et ils s’installent à Zurich. C’est cette année là, qu’il prend ses premiéres photographies "sérieuses".

1928, il expose à la galerie Forter, à Zurich.

Entre 1929 et 1930, il visite l'Italie, la Grèce et la Sicile. Il s’intéresse à l'instantané et au document social. L'Italie lui procure une grande variété de sujets , avec ses  pêcheurs, ses quartiers populaires à Naples ou à Gênes. La sensibilité et le réalisme de ses photographies lui valent une première publication en 1931, dans le journal  «Zürcher Illustrierte». C’est avec les encouragements d’Arnold Kubler, qui officie comme rédacteur photo dans cette publication, qu’il devient photographe professionnel.

En 1931, sa femme part étudier à Paris à la Sorbonne. Il vient dans la capitale, pour la rejoindre. C’est ainsi, qu’il rencontre  Picasso et Braque, et présente la dernière exposition de ses toiles. Paris est  pour lui une source d'inspiration photographique. L’une de ses image, d’un bistro, est un exemple de son style.  A partir de cette date, il utilise unRolleiflex, puis un Contax.

Photographe reconnu, Gotthard Schuh travaille dès 1933 comme photographe indépendant. Il réalise quelques prises de vues publicitaires et collabore à de nombreuses journaux, dont le «Zürcher Illustrierte» de ses débuts, le célèbre «Berliner Illustrierte Zeitung», ainsi que pour les hebdomadaires français "Vu", "Paris-Match", ou encore pour "Life". 

1934, son fils Kaspar voit le jour.

En 1935, il publie un premier livre sur la ville de Zurich. C’est à ce moment qu’on lui découvre les premiers signes de la sclérose en plaques.
1937, il réalise un reportage sur Benito Mussolini en visite à Berlin, puis des images de mineurs à Charleroi.
En mars 1938, les deux journaux pour lesquels il travaille ("Zurich Illustrierte" et le "Berlin Illustrierte Zeitung") lui offrent l’opportunité de partir en Indonésie pour une période de presque onze mois. Le 16 mars , il embarque à Gênes, pour Port Said, avant de rallier Colombo, puis Singapour. Il séjourne et voyage à Sumatra, Java et Bali. En février 1939, il rentre, puis divorce d’avec sa première femme Marga.

Il se consacre alors à son livre «Inseln der Götter»,(Lîle des Dieux) avec l’aide de Annamarie Custer, qu’il épousera ensuite.
1941, Gotthard Schuh a 44 ans, l'évolution de sa maladie le pousse à mettre un terme à son activité de photojournaliste. Il occupe alors le poste de rédacteur photo du journal «Neue Zürcher Zeitung» et crée le supplément «Das Wochenende». Il met en avant les travaux de photographes tels que Brassaï, Robert Frank , et continue à publier ses propres photos.

1944, il se marie avec Annamarie Custer, dont il a deux filles Claudia et Sibilla.

Sa photo célèbre de ce jeune garçon qui joue au billes paraît pour la première fois en 1941 dans « Inseln der Götter »(l’île des Dieux), un livre fruit d’un joli périple qui rencontre un franc succès–il sera réédité treize fois. Edward Steichen choisit le portrait du petit garçon qui joue au billes pour l’exposition The Family of Man en 1955 au MOMA de New York.

1950 avec quatre autres photographes suisses, Werner Bischof, Walter Läubli, Paul Senn et Jakob Tuggener, ils créent le Kollegium der Schweizerischer Fotografen ("Le Collège des photographes suisses"), qui se caractérise comme étant une organisation pour la promotion d’une imagerie photographique artistique. Robert Frank rejoint également cette entité.

1953, il s’installe à Bedigliora, un petit village de la région Tessinoise du Malcantone. 

1957, il reçoit la médaille d’or à la Biennale photographique de Venise.

1960, il cesse son activité pour le  journal «Neue Zürcher Zeitung».

1967, il est fait chevalier des arts et des lettres, en Italie.

Il a publié trois livres,  «Italiens», en 1953, puis un second ur la région du Tessin, en 1961et un autre sur Venise en 1964.

Gotthard Schuh meurt le 29 décembre 1969, à Küsnacht.
Une exposition rétrospective lui a été consacré lors des Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles, en 1999.

Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :

Chronique par Roland Quilici
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Au service de la photographie depuis 2001