Voyage en Corse III
Partie III
par Adeline Foray
Samedi 22/05
On voudrait aller à la plage avec les gamins, mais là où on est il n'y a que des rochers, on décide donc de bouger.
Une fois partis, le vent se lève et on se retrouve à faire des allers-retours entre la baie de Calvi et l'anse d'Alga pour trouver quelle plage est la plus abritée…
Aucune des deux, en fait, c'est en plein vent les deux, du coup, tout dépités on s'en va se mettre au port !
A peine arrivé, on file à pied à la très très belle plage de Calvi. Les enfants se régalent à faire des châteaux de sable et à se baigner. Nous aussi d'ailleurs. Xavier daigne enfin se baigner, il faut dire que la mer commence à prendre des degrés. C'est pas trop tôt !!
Après-midi consacrée au linge dans un lavaumatic (qui ? Oui, oui c'est Xavier !). Humhum ! Ca sent bon la lessive ! Ca change un peu !
Ensuite petite soirée visite de la citadelle en mangeant des glaces trois fois plus grosses que la tête des enfants. Le résultat est bien sûr grandiose : du chocolat barbouillé de la tête au pied ! Les passants se retournent même sur leur passage, certains les évitent scrupuleusement (z'ont pas tort d'ailleurs, car mon pantalon tout propre du jour est déjà noirci de chocolat…). Après avoir semé la zizanie sur les quais de Calvi, on s'en retourne tout contents à notre petit bateau. On a pris soin avant de monter à bord de débarbouiller nos deux lascars ! Sinon c'est le carnage assuré à bord !
On a une nuit agitée non pas par le vent (soi-disant fort cette nuit, tu parles c'est un piège à con pour payer des nuits au port) mais par les tambours d'un festival culturel qui se déroule sur le port… festival culturel, mon œil, non seulement ils nous ont empêché de dormir avec un boucan qu'avait rien de culturel, mais en plus, ils ont terrorisé nos gamins !! Ah ben ! Bonjour la culture !...
Dimanche 23/05
Bon c'est bon tout va bien, ils annoncent suffisamment de vent pour pouvoir dire qu'on est obligé hélas de rester au port à se reposer ! Et comme c'est dimanche, ça tombe bien car… c'est le jour du Seigneur… Et Dieu sait à quel point il n'aime pas qu'on se décarcasse ce jour là ! Donc pour ne pas lui faire offense, on se précipité sur un copieux petit déjeuner, quelques pêches à la crevette avec des enfants d'un bateau à côté que l'on visite d'ailleurs (un Melody très sympa à 180000F.. Arrgh !)… et de fil en aiguille arrive l'heure du repas puis l'heure de la sieste… oh ben tiens ça alors !
On discute à droite, à gauche avec les gens de la panne, bref c'est sympa… Quant à la Capitainerie, on n'est même pas allé les voir, quand on nous demande quelque chose, on se contente de dire que l'on est de "passage". Du coup, on nous fiche la paix !
Le soir on se fait inviter par les voisins d'en face à l'apéro. Xavier est tout content car y 'a du whisky !
On visite leur bateau, magnifique, énorme, on se croirait dans un immeuble comparé au notre ! 10m80 environ de long, une hauteur sous barreau qu'on savait même pas que ça existait si haut ! Bref c'est l'extase… Les petits eux sont tous contents car les deux papis à qui appartient ce bateau sont assez joueurs, surtout l'un d'eux "papido" qu'ils ont élus "compagnon de jeu". Content le monsieur ! Bref apéro bien sympa duquel on ressort un peu éméchés et guillerets. C'est le bon Dieu qui va pas être content dis donc !
Lundi 24/05
Le coup de vent annoncé pour cette nuit bien sûr n'a pas eu lieu, encore un coup monté pour nous faire payer une nuit de plus au port pour rien !
Mais vers 10-11h ça commence à se lever sérieusement ce qui nous permet de glousser de plaisir d'être au port ! On en profite pour regarder les entrées au port spectaculaires et parfois "fracassantes" des bateaux de 14m loués par des bandes de guignols en short ! M'enfin bon ceci étant on ne se risquerait pas à changer notre bateau de place avec le vent actuel ! (Même si on n'est pas en short !).
Notre matinée est dédiée aux courses, on emporte carrément le caddie depuis le super U jusqu'au bateau avec une cargaison d'eau minérale. Enfin, je dis on, en fait moi je m'arrête sur le retour à la plage avec les gamins pendant que xavier a la chance de continuer avec son caddie jusqu'au bateau et de charger le bateau. Je le dis sinon il va encore râler que je ne dis pas la vérité !
M'enfin bon on ne sait pas ce qu'il s'est passé après car, bizarrement, le soir même, on était invités chez la voisine avec des gros "nénés … Non là, j'en rajoute un peu (pas par rapport aux nénés) car en fait c'est un couple de jeunes qui l'a aidé à décharger (comme quoi ça devait pas être si dur !) et qui du coup nous a invité pour l'apéro.
Donc après avoir pique-niqués à la plage avec une tranche de salami au sable (et non pas du sablami au sale) en plein vent, on s'en est retournés au bateau pour une sieste bien méritée.
Après ça et quelques coups d'épuisettes dans l'eau (1ère crevette pêchée par Théo tout seul !! Applaudissement je vous prie ! Mon fils 3 ans !) on s'en va donc visiter le 3ème bateau de cette panne en deux jours (bonne moyenne, à ce rythme là on connaîtra bientôt tous les bateaux du port). C'est un Bi-loup très très bien aménagé à l'intérieur par le jeune couple : Rachel et Frank. Jeune couple d'ailleurs vraiment super sympa dont on regrette de ne pas avoir gardé les coordonnées. On passe une très bonne soirée avec eux et on leur fait visiter notre bateau… Remarquez la visite est vite faite. Voilà ça c'est : la chambre, la cuisine, le wc, la salle de bains, le moteur, le placard, c'est ça qu'est pratique c'est que tout est dans une seule pièce au moins tu risques pas de te perdre !... Et bong ! Aie ! ça c'est le bitoniau, faut faire vachement attention, c'est vrai j'aurais du vous le dire avant !
Non pas d'apéro, vous êtes surs ah bon, dommage…Et nous revoilà tous les quatre dans notre espace réduit qui après toutes ces visites nous semble encore plus réduit !!!
Mardi 25/05
Encore pas un souffle cette nuit, cette fois-ci c'est décidé on s'en va, faut pas nous prendre pour des cons, non plus ? J'envoie Xavier à la Capitainerie pour payer nos trois nuits avec comme mission de faire du charme à la minette de l'accueil pour n'en payer que deux… Je pense qu'il a fait plus que du charme car il revient en n'en ayant payé qu'une ! C'est franchement louche… Alors bien sûr là-dessus il m'invente une histoire rocambolesque, m'enfin je ne suis pas dupe, mais bon deux nuits d'économisées ça vaut le coup de fermer les yeux !!
On fait nos adieux à toute la panne, ça nous prend deux heures. C'est que nos charmants bambins ont fait un ravage phénoménal et on a du mal à repartir avec eux… Va savoir on en aurait peut-être obtenu un bon prix. Le papido a fait quelques photos d'eux qu'il nous propose de nous envoyer par mail. En même temps, il a visité l'intérieur de notre bateau et fait des efforts de contorsion formidable pour accéder à la chambre des enfants à l'avant pour jouer avec eux… Pendant un moment, j'ai quand même un doute à savoir s'il pourra ressortir ou pas ?!!
Ensuite vient le deuxième papi d'en face pour visiter le bateau… Bref, c'est la cohue à bord, finalement tout le monde est curieux de savoir dans quoi on vit… Et tout le monde ressort en disant… Ah, c'est pas grand, c'est sûr, (merci on avait remarqué) et vous vivez à 4 là dedans, eh ben !!. Les deux papis ont un petit air nostalgique en se rappelant leur premier bateau de la taille de celui-ci et tous les bons moments passés dessus… Finalement on n'est peut-être pas si mal lotis !
On se quitte enfin vers 11h30, largement temps de larguer les amarres… Théo est un peu cafardeux de quitter tous ces nouveaux copains, quant à Elodie elle s'en fout, comme d'hab !
En sortant du port, on s'aperçoit que il y a une bonne houle. On remonte au vent, jusqu'à la Revelata et après c'est le panard plein vent arrière. Le paysage défile à une vitesse phénoménale et ça nous fait drôle car on a tellement l'habitude d'être au près ! Pique-nique à bord tout en continuant notre route jusqu'à la réserver de Scandola.
On arrive en un temps record à l'île de Cargalo, par contre après on "rame" pour atteindre une petite anse après Girolata. La baie est superbe et on s'y installe pour la nuit. Le soir on va vite fait faire un petit tour à la plage en surveillant le vent pour qu'il ne nous empêche pas de retourner au bateau !
Mercredi 26/05
"Avis de tempête néant" Tout va bien, la météo est impeccable pour une journée farniente et visite de Scandola. A 7h du mat, nous voilà partis, avant même d'avoir avalé notre petit déj, les voiles en ciseaux on s'éloigne au soleil levant sous le regard admiratif de tous les oiseaux sauvages… Non en fait y avait aussi trois autres voiliers d'un club de voile italien qui nous ont vu partir avec effectivement un regard admiratif… Etait-ce du fait de ce départ en douceur, en beauté ou bien était-ce du fait de l'heure hyper matinale ? Enfin bon le principal c'est qu'on est tout content de notre petit effet…
200 mètres plus loin, il n'y a plus un brin d'air et on se retrouve avec nos voiles pendantes comme des vieilles chaussettes…déjà beaucoup moins beau !
Bref vers 9h on arrive quand même à une anse qu'on avait repéré la veille en plein dans le parc de Scandola. On va donc y mettre notre ancre en se calant entre deux falaises rouges. Le site est franchement merveilleux. Rouges, ocres, mer bleue en dessous de ces falaises et profils acérés, avec en plus une végétation d'un vert lumineux… Bref c'est l'extase… Les enfants n'en ont rien à foutre par contre ils sont contents car au fond de l'anse il y aune plage… On débarque dans la minute qui suite notre arrivée et on lâche nos fauves pendant trois heures… ils en ont bien besoin, ça les défoule et ça nous repose ! Pique-nique sur la plage puis sieste au bateau. Je ne résiste pas à l'envie de pêcher… dans un parc national c'est scandaleux, oui je sais, mais comme dis Xavier, "c'est pas pour c'que tu pêches…" Je me mets donc à la pêche avec la furieuse envie de sortir quelque chose histoire de faire taire les mauvaises langues !
En deux secondes j'ai failli pêcher un gros poisson, "failli" seulement car il s'est décroché au dernier moment… "comme par hasard" dira Xavier…
Après trois heures de pêche acharnée, j'ai un petit sar marbré et autre petit minuscule. On relâche le petit minuscule et on fait cuire le sar pour les enfants… même pour eux c'est un peu juste et ça leur sert tout juste d'apéro ! Bref, mon braconnage n'aura pas fait trop de mal au parc ! Xavier ricane (bêtement il faut bien le dire) sous cape… On se fait un riz au thon en boite excellent en compensation du poisson prévu pour le dîner.
Petite soirée bien bien calme au fond de notre minuscule anse…
Avant d'éteindre je jette un coup d'œil aux instructions nautiques du coin et je découvre qu'il est strictement interdit de rester la nuit dans le parc !! Tant pis c'est trop tard pour changer, on verra bien demain si on se fait déloger.
Jeudi 27/05
Réveil serein dans ce superbe site qu'on ne se lasse pas d'admirer. Personne n'est venu nous déloger et l'on repart après un bon petit déjeuner. On croise une énorme vedette d'un archi super milliardaire qui va se mettre dans l'entrée de l'anse… Alors lui pour le coup, il dénature le paysage !
Prochaine étape Cargèse, la route est longue et ce coup-ci on a le vent dans le nez et encore quand y'a du vent ! M'enfin on avance et on profite de la moindre brise pour faire foncer le bateau… Les voiles tranchantes comme des couteaux, on taille notre route au plus près du vent et on se délecte de notre performant petit "Gwendolyne".
Bon d'accord on a aussi mis le moteur quand y avait plus rien à trancher que la mer d'huile et notre morceau de sandwich… mais bon…
On franchit je ne sais combien de caps sans jamais s'arrêter et on arrive enfin à bon port, fatigués mais contents, comme souvent !
Le port est très mignon et le village super chouette. Petit canon histoire de se remettre de nos émotions des courses à Spar (arrgh, hors de prix !). Par contre le bon plan c'est que le port est pas cher (13,50 €, le moins cher jusqu'à présent) et les douches sont gratos !
Avec toutes ces bonnes nouvelles on aurait pu s'en tenir là et rester peinards 15 jours de plus, mais non, on a voulu jouer aux grands navigateurs qui ne sont bien qu'en mer… foutaises… on est très bien aussi dans un bon port !
Bref, pour le moment ce qui nous importe c'est de bien manger ce soir, du coup resto ! Un bon steak rien de tel pour se requinquer (pour ma part j'ajouterai bien une nuit de 15 heures, mais bon, ne rêvons pas, j'en connais "des petits chérubins" qui vont se faire un plaisir de nous réveiller à 7h30 pétantes.
Vendredi 28/05
Allez c'est reparti après la douche familiale, on repart de bonne heure, enfin on croyait, il est quand même 11h00 !
Au départ le but de la journée c'était de trouver une petite plage sympa pour y passer la journée à glander un peu et si possible au mouillage ce soir… Manque de bol, y'a du vent ! Du coup, dans toute la baie y'a pas une seule plage abritée !
Et puis avec notre instinct de baroudeurs, à partir du moment où le bateau avance, on ne sait plus s'arrêter ! C'est main ça, résultat à 13h on n'a pas mangé, on est fatigués, les gamins j'vous raconte même pas, et on ne sait plus où aller…
(en musique) J'me suis cogné d'partout… J'ai dormi dans des draps mouillés. C'est d'la plaisance, c'est l'pied !...
Bref, bref, bref la tension monte… Finalement je vois un endroit sur la carte (anse de Figiera) qui pourrait être à peu près abrité de la houle et du vent… On y va dare-dare, l'abri s'avère malgré tout venté du fait des rafales de vent qui tombent de la montagne, mais bon l'ancre tient bien. En tout cas ça nous permet de manger et de nous reposer un peu. C'est mieux pour réfléchir !
On se pose environ dix mille fois la question de savoir pourquoi on est partis de Cargèse !! Pas d'autre réponse que "c'est complètement débile" ce qui ne nous console guère… Et maintenant qu'on s'est rapproché de la route d'Ajaccio on se dit que c'est un peu dommage de faire demi-tour… (Note de Xavier : Là, je tiens à rajouter que j'ai du suggérer 3017 fois à Adeline, que c'est pas grave, on s'est fait une belle sortie… on n'a qu'à retourner à Cargèse, ce à quoi elle répondait : "oh maintenant qu'on a avancé, ça serait dommage de faire demi-tour", quitte à casser Gwendolyne, un mile de fait, c'est une mile d'acquis…)
On attend vers 5-6 h que des rafales un peu plus fortes nous secouent les puces pour réagir… En plus, le ciel est menaçant et on ne sent pas à l'abri dans cette minuscule anse.
Par bonheur le vent a changé de direction et du coup rend accessible un autre abri pas très loin du nôtre avec en plus soi-disant des mouillages sur coffre… On fonce !
On arrive vers 18h30-19h au lieu-dit "Le port provençal" avec, pour notre plus grand bonheur, plein de bouées de mouillages organisés !! Youpi !
On s'installe au milieu des autres bateaux qui ne sont que des petites vedettes, ce bien sur nous laisse un peu perplexe mai bon… C'est surtout quand on voit que chaque bouée porte le nom de son propriétaire qu'on est de plus en plus perplexe ? Mais bon on se dit que pour une nuit, on ne devrait pas se faire virer à coup de fusil (quoique…). Je passe quand même une partie de la nuit à espionner les bruits suspects imaginant un méchant corse en train de nous détacher en coupant nos amarres avec son couteau corse… !
Samedi 29/05
Je me réveille "la gueule explosée" par le manque de sommeil, mais bon tout va bien, on ne nous a pas détaché ! Aujourd'hui c'est sûr, on ne bouge pas, on ne fait rien, on se re-pose ! Et si y'a un corse qui s'approche du bateau pour nous déloger on lui dira qu'on a la peste, le choléra, n'importe quoi, mais en tout cas, non, non, on ne peut pas partir !
De toute façon, on a un malade à bord car Théo a un début d'angine et donc il ne s'agirait pas qu'il prenne froid en naviguant !
On passe donc une journée peinards entre plage, bronzette, baignade, bouffe et sieste… Pile poil ce qu'il nous fallait à tous.
Le soir on s'en va boire une bière à la buvette sur la plage et on rentre tout heureux en youyou au soleil couchant sur notre Gwendolyne…
Dimanche 30/05
Le matin de bonne heure, cette fois-ci (9h) on part avec la brise du matin en direction d'Ajaccio notre prochaine étape.
On quitte ce petit coin de paradis à regret. On avait quand même eu l'explication des bouées par un local. En fait le port était avant régi par la DDE et donc public, et finalement les corses se sont débrouillés pour virer la DDE et le public et s'approprier les bouées à leur nom. Mais bon tant que le proprio n'est pas là, apparemment ça ne les choque pas que l'on s'y mette…
Bien sûr on a le vent dans le nez et il va s'agir une fois encore d'aiguiser nos lames de couteaux ! Pendant la première heure on file comme l'éclair (3-4 nœuds) pour arriver au premier cap de la journée, le cap Fero, et là évidemment, plus de vent… moteur puis revoile… puis remoteur… m'enfin petit à petit on se rapproche de la passe des Sanguinaires… Vu le nom, plus on se rapproche et plus on guette les bateaux pirates qui sont prêts à se jeter sur nous…
Non, finalement, c'est très calme, on est limite déçus de n'avoir pas vu Barbe-Rousse… Heureusement Xavier est là pour le remplacer avec sa barbe naissante et ses jolis poils roux ! Ah mon beau marin !...
Après avoir passé la passe sanguinolente au près, on descend grand largue sur Ajaccio… Plus qu'une heure et nous y voilà… Dis donc c'est que c'est grand comme ville… houlala et puis y'a deux ports… houlala pis t'as vu y'a que des grands bateaux en bois magnifiques… On va avoir l'air ridicule avec notre petit bateau, nous, à tous les coups y vont croire que c'est une annexe !
En fait sans le savoir on passe en plein milieu d'une régate de vieux gréements, alors bien sûr on fait un peu "tache" là au milieu, mais on est tout content de voir ces beaux bateaux sous voile… On arrive au port ; on se tâte pour savoir si oui ou non on va au quai d'honneur, en attendant de trouver une place plus adaptée… Heureusement qu'on n'y est pas allés, on aurait eu l'air malins au milieu des trois mats en bois et surtout devant le quai de 5m de hauteur !! Sans compter que c'était l'arrivée de la régate et qu'y avait les caméramans de TF1 et tout le tralala qui attendaient sur le quai d'honneur… Pour le coup ça aurait été une arrivée triomphante ! "Arrêtez les flashes, arrêtez les flashes : c'est pas nous !!" Donc avec notre discrétion et timidité naturelle on s'en va sur une petite panne bien peinard…
Enfin bien peinard, presque on nous a quand même fait changer trois fois de place (on était toujours trop petit par rapport aux places ! un comble, ça !). En fin de compte, on atterrit à côté d'un voisin sympa avec qui on fait vite connaissance.
Nous qui souhaitions de la tranquillité, on va être servis : on tombe en plein festival de chants corses et tous les soirs y a de la musique jusqu'à une heure du mat ! Heureusement c'est de la musique douce et plutôt agréable… A peine arrivés on va vite boire un coup en ville après avoir fait un petit tour de la vieille cité… La bière à trois euros nous passe l'envie de se faire un resto dans l'immédiat !
On se couche tôt et pourtant on s'endort super tard, les gamins sont surexcités !!!
Lundi 31/05
On voulait voir un médecin pour Théo et sa boule qui gonfle (un ganglion dans la gorge, rassurez-vous rien de bien méchant !) mais évidemment c'est férié, donc… on attend demain. D'ailleurs il commence à aller mieux en fait, par contre c'est Elodie qui prend la relève avec de la fièvre…
(en musique : oh douce nuit…). On profite de la matinée pour s'attaquer au linge… On frotte, on frotte, on frotte pendant deux heures notre tas de linge sale et puis on étend, on étend, on étend… et puis il flotte, il flotte, il flotte… pour ne pas changer !!
Décidemment chaque fois ça loupe pas, à croire que l'bon Dieu y veut pas qu'on lave nos affaires… S'en fout lui avec sa feuille de vigne il a pas les mêmes problèmes que nous !
Pendant que notre linge se rince à gaver, on s'en va, écoeurés, boire un coup !
Sieste un peu forcée pour les enfants qui sont toujours surexcités et de plus en plus crevés (nous avec). Puis resto le soir, allez promis c'est le dernier avant quinze jours parce qu'à force on explose notre budget… Déjà que le port n'est pas donné (16€ la nuit) et qu'en plus y'a pas moyen d'arnaquer car ils surveillent de près matin et soir ! Et puis, pour le coup, je vais avoir du mal à envoyer Xavier conter fleurette au jeune homme de la Capitainerie !
Mardi 01/06
Programme chargé pour aujourd'hui : médecin pour Théo et Elodie, pharmacie, puis courses à Monoprix… On lutte toute la matinée avec nos deux gros sacs (non, non pas les enfants quand même !) et nos deux "charmants" chérubins qui sont fatigués tous les dix mètres…
On arrive quand même à tout faire, bien sûr Théo était guéri en arrivant chez le médecin et Elodie n'avait pas grand-chose mais bon ça rassure toujours (Note de Xavier : message subliminal à l'attention des mamies).
Quant aux courses autant dire que c'était une bonne galère de traverser toute la ville dans un sens puis dans l'autre chargés comme des mules avec nos deux chouineurs derrière ! Un vrai plaisir… Plus jamais ça ! Ce qui est encore meilleur c'est quand on arrive au bateau et qu'on se rend compte "oh zut, on a oublié le café…"… Ce genre de truc qui nous laisse inconsolable pendant des heures !
Après une bonne bouffe, on prend le café en compagnie du voisin qui, pour le coup, est vrai "vieux loup de mer" ! (Alain). On sympathise bien avec lui, et on en profite pour prendre le maximum d'informations sur la suite des côtes Corse et de Sardaigne.
Plein d'énergie, on se décide à laver le bateau qui en a autant besoin que nos fringues et c'est pas peu dire ! Je trouve même des traces de chocolat jusque sur la bôme et la grand-voile ! Fortiche les petits doigts ! A croire qu'ils jouent dans la mâture dès qu'on a le dos tourné !
On frotte, savonne et rince le bateau jusqu'à ce qu'il soit reluisant et on est tout content de nous… Bien sûr il ne faudra pas longtemps à Elodie pour prendre la boite de chocolat en poudre par le couvercle… Et splash tout le chocolat par terre sur le beau bateau tout propre… ! Scronch, scronch ! Pauvre, pauvre, pauvre Gwendolyne, tu ne seras jamais propre plus de trois minutes ! (Tant qu'on sera à bord du moins !).
Après ce bel effort, peu récompensé, on se permet un apéro qui finit d'ailleurs chez notre voisin… Il a un beau bateau (Connati) très sympa et aménagé de façon rustique mais efficace. D'ailleurs il va le vendre au cas où nous dit-il "si ça vous intéresse…". On aimerait bien (ah ça c'est sur qu'on aimerait bien : se tenir debout, avoir deux cabines doubles, une vraie cuisine, un vrai carré, une vraie table à carte, et même un cabinet de toilettes ! - Note de Xavier : qu'Adeline a failli casser…) mais enfin faut pas se faire du mal pour l'instant c'est pas possible ( 150000 F)… Ceci étant on passe une excellente soirée avec lui !
Retour dans notre trou à rat, mais non, mais non je dis ça parce que j'suis saoule alors ça diminue le champ de vision… Ca doit être ça… et gros dodo encore très tard pour les enfants (note de Xavier : ça c'est pas un message subliminal pour les mamies…).
Mercredi 02/06
On va payer notre nuit (bien obligés, ils sont passés nous voir ce matin… pas de cadeau ces gens là) et on décide de partir à un mouillage juste en face d'Ajaccio où y'a parait-il des corps morts.
La traversée très courte se passe bien… Xavier me parle et dans la conversation il dit "un espadon". Sur le moment, ça me réveille et je me dis que je n'ai vraiment rien du suivre de la conversation car je ne vois pas ce qu'il vient faire là ce "un espadon"… ou peut-être est-ce Xavier qui délire complètement à cause du soleil… Mais non, soudain je vois son visage tendu vers la mer, les yeux qui scrutent la surface de l'eau et là "oui! Un espadon !".
Incroyable un espadon qui fait des sauts, c'est magnifique ! On se croirait dans "Le vieil homme et la mer" ! On en est tout retournés ! C'est génial ! Xavier me dit qu'il est bien content qu'il ait sauté deux fois sinon j'aurais été capable de ne pas le croire… oh moi, penses-tu…
On arrive sur une zone de mouillage où il y a des tonnes de bouées… Youpi ! On s'en choisit une bien abritée avec 3-4 m de fond. L'endroit est très joli avec des beaux rochers ronds et une végétation luxuriante !
On part direct à la plage où l'on passe près de trois heures. J'avais remarqué que la corde qui reliait la chaîne à la bouée d'amarrage n'était pas en super état et pour être plus tranquille je voulais passer un boute à nous directement dans la chaîne… Donc plonger..
Xavier très galamment me propose d'y aller lui… Ok ça marche… Seulement après une heure à se faire dorer au soleil, rentrer dans de l'eau à 18-19°C c'est pas gagné ! Du coup très élégamment il me suggère que si je le faisais moi-même, je serais plus tranquille ! C'est qu'il me connaît bien le bougre et il a touché au bon endroit pour me décider à y aller moi… Heureusement l'eau n'est pas plus froide en dessous et l'opération est vite faite. Après quoi je peux me reposer tranquille à la plage sans crainte !
Grosse sieste pour les enfants jusqu'à 6h du soir ! Pendant ce temps là, Xavier bouquine et moi je pêche (rien du tout, comme d'hab!). Tout doucement, on voit s'approcher la police en zodiac. Ca loupe pas ils viennent nous voir ! Ca y est, à tous les coups, on a lancé un avis de recherche (Note de xavier : Christiane a du paniquer et contacter une nouvelle fois le CROSS) ! Mais non, on est mauvaise langue, c'est une simple visite de contrôle du matériel de sécurité… Pas de souci de ce côté-là, on n'a jamais été aussi sécurisé que depuis qu'on voyage avec les gamins… On leur sort donc tout notre matos dernier cri et ils ont tôt fait de voir que de ce côté-là on a assuré ! Ils nous souhaitent donc un bon voyage et repartent tranquillement vers d'autres aventures !
Quand à nous on reprend nos éreintantes activités jusqu'à l'apéro. Dure vie !
Repas et dodo, y'a pas mieux pour reprendre des forces après tout ça.
Jeudi 03/06
Le programme de la journée est vite établi, repas, dodo, plage quand même entre, et voila ! Tout s'est passé comme prévu jusqu'au méga-orage de l'après-midi ! Les enfants n'étaient pas encore endormis, malheureusement, et du coup ça n'a pas été facile de les rassurer. Entre les éclaires, le tonnerre juste au dessus de notre tête, le vent en rafale et la pluie diluvienne… C'est sûr que tout ça vu de l'intérieur d'un petit bateau valdingué dans tous les sens, ça n'a rien de bien rassurant ! Ni pour les enfants, ni pour les parents d'ailleurs qui s'efforcent d'afficher un immense sourire… Tout va bien, on gère la situation !!
Bref, on se retrouve tous les quatre entassés sur la couchette avant à faire des coloriages et autres jeux, histoire de changer de sujet. L'orage s'éloigne, nos petits s'endorment et on retrouve le sourire pour de vrai… pendant quelques temps car l'orage revient à la charge le soir et nous oblige à manger à l'intérieur… Souvenir, souvenir des jours de pluie du début de notre périple… avec toujours l'eau qui rentre par le capot avant et qui mouille tous les matelas !! Bonne nuit en perspective… Heureusement on sait que ça n'est pas prévu pour durer et ça c'est hyper important pour le moral des troupes.
Vendredi 04/06
On commence par la plage… seau, pelle, bâton pour pêcher les crabes… D'ailleurs Théo avait trouvé un beau crabe sous les rochers qu'il voulait absolument me voir pêcher… Une fois que je l'ai eu sorti de l'eau au péril de ma vie et surtout de mes doigts, Théo et Elodie au lieu de sauter de joie se sont mis à hurler de terreur de quoi rameuter toute la plage ! Du coup comme y'avait un passant à ce moment là, je suis passée pour une mère atroce qui effraie ses enfants à coup de crabe ! Merci les enfants, ah vraiment, sur ce coup là, je vous retiens !
En plus après, c'est qu'il a encore fallu courir après le crabe pour le refoutre à l'eau !
Enfin après ça Théo ne m'a plus rien demandé et j'ai pu faire bronzette en paix. (J'aurais du y penser avant ! Niak, niak).
On rentre au bateau pour la sieste. Vers 15h30 on se décide Xavier et moi à profiter du somme des enfants pour partir dans un autre endroit sur la route du Sud ! Bien sûr on a le vent dans le nez mais ça on le savait, et on arrive vers 19h à l'anse Cacao, juste avant le cap Muro.
Le site est très beau et très sauvage malheureusement le soleil se cache derrière les falaises environnantes. Le soir partie de pêche : résultat, un pauv' petit poisson mangé en quelques secondes par Théo et Elodie et dépiotté de ses arrêtes pendant trois heures par la mère… Mais bon c'est ça le plaisir de la pêche (Quel plaisir ? demande Xavier). Note de Xavier : En fait je me suis fait engueuler comme du poisson pourri car j'ai dit (sans méchanceté pour une fois) : "oh la prochaine fois un petit poisson comme ça, on le relâche, ça vaut pas le coup. Oh l'engeulade, dis !.
Samedi 05/06
Départ de l'anse aux aurores comme d'hab ! Le vent est tout de suite assez fort et nous surprend dès le réveil. Dur, dur dès le matin de devoir passer un ris, changer de génois, surtout pour devoir les enlever 15 mn après ! Une fois passé le cap, y'a plus grand-chose et on repasse au génois lourd… On en vient à se demander si on n'a pas rêvé ou si nos têtes ensommeillées ont bien analysé la situation !
M'enfin c'est pas grave, on continue avec une jolie brise qui nous pousse et c'est bien agréable. On navigue ainsi tranquillement jusqu'à Porto Pollo (avant Propriano) où l'on se met au mouillage sur une bouée. Bien peinards et bien contents, on va direct à la plage juste en face pour laisser nos bambins se défouler après leur sieste.
Théo et Elodie essayent d'aborder deux autres enfants qui jouent sur la plage… Leur technique d'approche est assez rigolote : ils se postent devant eux et leurs parents et ils ne bronchent plus… Même pas bonjour, même pas tu veux jouer avec moi… Non rien, juste plantés là !!
Du coup les parents se retrouvent un peu gênés d'avoir ces deux piquets devant eux et se sentent un peu obligés de faire la conversation : "Bonjour tu t'appelles comment, tu veux jouer avec nous ?..." Ce à quoi Théo et Elodie, d'une politesse redoutable, ne répondent rien du tout et restent plantés devant eux !!!
Y'a comme un malaise qui s'installe ! Nous on essaye désespérément de rappeler nos rejetons vers nous mais y'a rien à faire, ils restent plantés là-bas ! On commence à avoir limite honte ! Les parents des deux autres gamins finissent par faire comme si de rien n'était, nous aussi, et au bout d'un temps qui nous parait infiniment long les enfants commencent un peu à jouer ensemble…Oh dommage juste au moment où on doit partir, le soleil se couche !!! Heureusement on évite la crise car les autres partent aussi ! Ouf, on a eu peur !
Ce soir, on se fait un méga bouffe (la dernière avant longtemps à bord mais on ne le savait pas !). Steak délicieux, petits pois carottes, fromages, gâteau au chocolat… Bref, la totale !
Dimanche 06/06
Ce matin on décide d'aller se mettre au port, histoire de se doucher un coup sur le quai car on commence à être bien salés ! Le port s'appelle port mais en fait le capitaine est quasi inexistant en tout cas il a pas l'air de vouloir nous demander quelque chose… Tant mieux si on paye pas c'est tout ce qu'on lui demande !
On fait un tour à la plage le matin puis douche, puis sieste (c'est vrai que c'est assez répétitif, il faut qu'on fasse gaffe de ne pas se lasser!). On s'aventure même à laver les cheveux des enfants sur le quai… Bien sûr, on rameute tout le monde, notamment un car de touristes qui se demandent ce qu'on fabrique avec nos gamins… Faut dire qu'on est obligés de courir après Elodie sur le quai avec le jet d'eau !!! Et c'est qu'elle hurle en plus !!
Enfin après ça on a bien mérité une bière au bistro du coin… Ah ben tiens, ils font des pizzas pas trop trop chères… Oui mais on avait dit qu'on arrêtait les restos jusqu'à ce que Jérôme et Anne arrivent… Bon allez, dernier des derniers ! Après le repas on fait une sortir remarquée grâce à Théo qui nous pique une colère monumentale parce que 'j'veux pas partir… etc". Après avoir hurlé tout son saoul et s'être pris une bonne fessée, on le ramène sous le bras jusqu'au bateau sous les yeux effarés des badauds… Z'ont rien d'autres à faire ceux-là !
Un bon gros dodo et il n'y paraîtra plus (qu'on croyait !).
Lundi 07/06
9h00 du mat, première crise de Théo… Ah ça faisait longtemps tiens ! De quoi nous mettre en forme et de bonne humeur pour la journée… enfin, il faut bien que jeunesse se passe (hem… dieu que c'est long encore !)
Après s'être arrosé et lavé les cheveux pour Xavier (y en avait bien besoin !) on rembarque tout notre bordel divers et varié (seau, annexe, godasses, tuyau, fil électrique, outils, vaisselle…etc). On range tout ça à sa place afin de pouvoir se déplacer librement sur le bateau (enfin libre, mais courbé !) et enfin nous voilà prêts pour le départ… Ah ben non on a oublié de racheter du pain, allez hop vite vite à la boulangerie… Et encore c'est tout une histoire car n'avait plus de monnaie et le prochain distributeur est à Propriano… Enfin heureusement que Xavier a la solution à tout (Ah quel homme !) et fait une transaction avec le resto pour obtenir de la monnaie… Ouf !
Bon alors on y va oui ! De toute façon on va pas bien loin : juste en face à Campo Moro… Finalement on mange sur place car avec tout ça il est largement midi !
On fait notre petite traversée bien agréable avec un vent de travers : on fend la bise une fois de plus !
Plusieurs voiliers sont au mouillage le long des rochers mais nous.. pas bêtes… on va aller près de la plage là où il n'y a personne et que même qu'en plus y'a des corps morts ! Ouah ce qu'on est malins tout de même !
Quand même à un moment on a un doute ! Y'a une ligne d'eau qui barre l'accès à la plage… Ah ben c'est peut être pour ça qu'il n'y avait pas de voiliers… Mais comme on est quand même entêtés on va voir plus loin et on trouve finalement un accès à la plage et une superbe bouée !! Génial !
On est tout contents de nous et on se bidonne en regardant tous les voiliers entassés là-bas ! Au réveil de la sieste, on s'en va découvrir notre superbe conquête : une plage de sable fin et un joli petit village authentique… très très beau…
Deuxième crise de Théo dans la soirée ("j'veux pas mettre mes sandales" ou "j'veux pas me rincer les pieds"… je sais plus) sur la plage… Il hurle à tout casser et y'a plus grand-chose à faire pour le raisonner ! La douceur, la colère, la fessée, tout y passe mais y a rien à faire… Dans deux minutes, s'il ne s'arrête pas on va voir débarquer les flics, c'est sûr ! Tout le monde sur la plage a les yeux braqués sur nous ! C'est d'un agréable j'vous jure !... Bref, bref, passons…On arrive à le ramener à la raison et on part se boire un coup bien mérité pour les parents !
Retour au bateau à la tombée de la nuit et repas vite fait, bien fait (des pâtes ou un truc de ce genre). Nuit très calme et tranquille.
Mardi 08/06
Petit dej et c'est reparti à fond… Bon y'a pas de vent, alors cette fois-ci on part au moteur sans avoir pu impressionner personne. Bof, pour une fois… Par contre, y'a un banc de poissons qui saute à la sortie de l'anse, allez à l'attaque ! On va faire un massacre !
Première fois qu'on passe dedans : rien, deuxième fois, rien, troisième fois, rien, quatrième fois, rien… Xavier me demande si je compte y passer la journée ou si on pourrait éventuellement continuer notre route !... Bon, bon ça va…
Je quitte à regret le banc de poissons sans avoir rien pêché ce qui me donne joie et bonne humeur pour un moment !
On passe la pointe de Campo Moro et on suite le littoral vers le Sud en direction du Cap Sénétose. Il y a de plus en plus de rochers qui affleurent en bordure des côtes et on est obligés de suivre minutieusement notre carte. On découvre une minuscule petite anse (anse d'Agulia) très très étroite mais comme on est maintenant des vieux loups de mer, on décide d'y entrer.
Une fois notre demi-tour fait à l'intérieur (ça passe juste comme il faut pour notre petit bateau) on se met une ancre à l'arrière, histoire de ne plus bouger de l'axe de l'anse.
Pour le coup, on est bien contents d'avoir un 7m30 plutôt qu'un 12m ! D'ailleurs je suis sûre qu'ils sont tous verts ceux qui passent au large et qui nous voient dans notre jolie petite anse sauvage !
On débarque sur la plage au fond de l'anse pour pique-niquer à l'abri d'un arbre (à l'abri du soleil bien sûr, pas de la pluie ! C'est fini, c'temps là). Petite baignade pour les enfants dans quelques centimètres d'eau (le fond de l'anse est une véritable pataugeoire pour les enfants ! Idéal !), puis retour au bateau. On reprend notre "longue route" pendant la sieste des enfants. La petite brise nous amène bien gentiment après le cap Sénétose à une superbe autre petite anse "La Cala Longa" où, une fois encore, tous les gros 12m sont dégoûtés de nous voir rentrer comme des fleurs. Le décor est splendide plein de rochers ronds dans une eau turquoise… Site hyper sauvage où il n'y a personne !!
On s'ancre par l'avant et par l'arrière pour ne pas atterrir sur les superbes rochers ronds (ils ont beau être superbes , on les craint quand même !). D'ailleurs notre techniques pour s'ancrer à l'arrière reste assez aléatoire : on met l'ancre et la chaîne reliée à un boute au bateau, dans le youyou avec quelqu'un (Note de Xavier : C'est qui le quelqu'un ? je vous le donne en mille…) qui rame très fort pour tirer le bateau dans le bon axe, puis lâcher l'ancre à l'endroit voulu, tandis que celui sur le bateau tire sur l'ancre pour l'ancrer dans le sable…. Bref tout une technique dont la partie difficile s'avère quand même de ramer assez fort avec le youyou pour tirer l'arrière du bateau à contre-courant… Partie que je laisse gentiment à Xavier qui tient absolument à avoir des gros biscotos comme tout marin qui se respecte ! (et qu'en plus il ne voudrait pas avoir l'air ridicule devant sa copine qui, elle, a déjà des énormes biscottos)… Bref plein de bonnes raisons pour le laisser se dévouer, en plus ça m'arrange !
Donc après une galère de quelques minutes (ah bon c'était plus ?...) nous voilà enfin bien installés pour la nuit qui s'annonce très très calme ! Je vais faire un petit tour en youyou (histoire de travailler mes p'tits muscles !) et je remarque que c'est archi blindé d'oursins, hop retour au bateau, fourchette, seau et me voila partie !
En un quart d'heure, je remplis le seau sans même avoir eu besoin de plonger ! Rien que du bonheur ! Miammmmmmm ! On se délecte d'avance ! En plus ça nous console de notre fabuleuse pêche à l'arrivée.. Mais oui, mais oui ! On a failli (oui, encore "failli") pêcher une seiche ou un calamar… un truc dans ce genre.
A l'arrivée dans la calanque, pris par l'entrée un peu étroite, on a complètement oublié notre traîne ! Une fois à l'ancre on l'a remontée et là qu'est ce qu'on trouve au bout : un énorme monstre marin sorti des livres de Jules Verne ! Enfin en tout cas ça n'était pas un poisson et ça avait bien la gueule d'un calamar… Me voila pas très rassurée avec ça au bout de la ligne et je n'ose pas trop le remonter à bord ! Du coup je tends la ligne à Xavier qui me dit "de toute façon, on le bouffe, coûte que coûte !!". Je n'ai aucune idée de comment ça se prépare ces machins là et en plus je n'ose même pas imaginer l'enlever de l'hameçon ! Beurk… beurk… En attendant je propose à Xavier qu'on le prenne en photo (sinon on nous croira jamais !) et je cours chercher l'appareil photo… Le temps que je revienne et l'animal s'était détaché !! Faut dire, faut dire… qu'il avait tout simplement gobé le plomb !!
Ah ça ! Quelle idée lui a prise, je me demande bien ! Je me demande quand même si je ne vais pas inverser ma ligne et mettre le plomb à la place du leurre ! (non pas du beurre, du leurre !)
Bon ceci étant, on est à moitié déçus et moitié soulagés quand même ! On n'avait aucune envie de lui enlever l'hameçon à c't animal !!
Donc le coup des oursins ça nous fait bien plaisir et puis au moins avec eux, tu prends pas trop de risques… Heureusement que Théo et Elodie dormaient pendant l'épisode du "monstre marin" sinon ça aurait été le film d'épouvante (ceci étant, ça n'était quand même pas un monstre en taille ; 20 cm maxi !).
On se fait une tambouille avec ce qui reste dans la cambuse c'est-à-dire pas grand-chose !! On commence à s'inquiéter de ce qu'on va manger demain ! (Un petit soupir en pensant au calamar). On passe une nuit archi tranquille, un vrai régal !
Mercredi 09/06
Un réveil serein dans ce site magique. Pas une ride sur le plan d'eau, la mer est transparente à souhait : c'est splendide !
Petite déjeuner et on puis on part à l'assaut de la petite plage au fond de la calanque. Dommage est remplie d'un épais tapis d'algues ce qui déçoit un peu les enfants… Les châteaux d'algues, c'est vachement moins bien !
On en profite pour aller se balader à travers le maquis avec les enfants… On mitraille de photos les superbes points de vue sur le bateau et la mer. La balade est très chouette quoiqu'un peu piquante ! Aie ouille patatouille ! Les rochers ont des formes étonnantes, on voit tantôt des becs d'aigles, des casques, des visages, des oiseaux, des souris… Bref que de monde dans ce maquis ! Une vraie foire ! En tout cas, ça fait travailler l'imagination des enfants !
Par contre c'est toute une histoire quand on rencontre une fourmi ou une mouche, Elodie nous saute dans les bras en hurlant "j'ai peur, j'ai peur…". Elle a pas fini d'avoir peur la cocotte !
De retour sur la plage on se plonge avec ivresse dans la mer (c'est qu'il fait super chaud à l'intérieur des terres !) et j'en profite pour explorer les lieux avec palmes, masques et tuba… Je tombe nez à nez avec notre copine de la veille : la seiche (ou calamar) qui me regarde d'un sale œil ! Je me tiens à bonne distance des fois qu'il lui prenne l'envie de me lancer ses grands bras autour du cou en guise de reconnaissance !!
Xavier part ensuite à son tour explorer les fonds sous-marins et fait la connaissance de plusieurs vives ! Beurk beurk !
On retourne au bateau avec un seau de coquillages, on a même écrit Théo et Lili sur la plage avec (j'voulais écrire Gwendolyne mais y avait pas assez de coquillages !)…
On mange tranquillement avant de repartir pour de nouvelles aventures… Vivement le port quand même car y'a vraiment plus rien à manger et on commence à se rationner !!
On part à toute blinde pour finalement mettre le moteur car il n'y a plus un souffle d'air ! Le moteur nous fait de drôles de bruits qui nous rappellent qu'on doit arriver au fond du réservoir ! Zut alors ! Pas de panique, on est hyper prévoyant et il nous reste encore 10 l d'essence. On fait donc le transfert d'un bidon au réservoir sans trop d'encombre, la mer est calme heureusement !
On continue en direction du plateau des Moines mais y a toujours pas de vent. Il est 16h30 finalement, on décide de se poser dans le golfe de Rocapina en face d'une magnifique plage de sable fin. La baie est magnifique et la plage encore plus ! On a de la chance d'avoir les conditions idéales pour pouvoir se mettre là, car ce n'est pas abrité. Mais pour le coup tout y est, pas de vent, pas de houle (ce qui est rare dans le coin) et un temps splendide !
A peine les enfants réveillés on part à la plage avec le youyou. Les enfants sont émerveillés de cette immense plage qui n'en finit pas. Château de sable, baignade, on recouvre maman de sable (Ah ah c'est rigolo !… Zut, j'en ai plein le maillot…)… Et retour au bateau pour le coucher de soleil… splendide !
Qu'est-ce qu'on mange ?... De plus en plus dur de trouver quelque chose d'original ! Riz, pâtes, blé ? Heu, bof, bof ! On envie les voisins à l'ancre à côté de nous qui ont pêché des supers poissons grâce à leur fusil de pêche !! Les veinards… Prochain achat : un fusil de pêche !
Jeudi 10/06
On part à la voile, mais oui, mais oui et on se retrouve 50 m plus loin au moteur ! La brise du matin a été de courte durée !!
On fait des calculs compliqués pour passer au nord-est des Moines (un amas de cailloux) et au sud de l'écueil d'Olmetto (un haut fond à 10cm sous l'eau!!)… En plein milieu, le moteur donne des signes de faiblesse ! Ah non c'est pas le moment !! Enfin heureusement il tient la route et l'on passe entre les écueils sans soucis. On met le cap ensuite sur la baie de Figari, toujours au moteur… On a enfin un peu de vent arrière qui se lève avant d'arriver dans la baie. A l'entrée de la baie on voit un bateau au mouillage que l'on connaît bien : un 7m que l'on a croisé à Calvi, Sénétose et Porto Pollo… Le gars à bord est venu nous voir à Porto Pollo en nous félicitant de s'être lancés à 4 là dedans ! Il nous dit que ça ne se voit plus guère les enfants sur les petits bateaux et ça lui fait bien plaisir de voir que, quand même, ça existe encore !! Nous aussi ça nous fait bien plaisir d'ailleurs d'avoir des félicitations d'un vieux loup de mer comme lui !
On va jusqu'au port au fond de la baie, le port de Pianottoli-Caldarello, fort sympathique…
Notre première urgence, c'est le ravitaillement car ça devient vraiment juste au niveau de la bouffe… Xavier part donc en stop jusqu'au village (4 km) au-dessus, tandis que je garde les enfants… qui dorment, ça va c'est pas trop dur !
Xavier revient assez rapidement avec deux sacs pleins de victuailles (chic ! chic !) il a réussi à se faire prendre en stop dans les deux sens très facilement… Ouf d'ailleurs ! Car le chemin sous le cagnard est raide et long !
Après s'être fait un goûter, digne de ce nom, avec biscuit et tout ce qu'il faut, on part à pied à la plage la plus proche… qui n'est d'ailleurs pas toute proche !
On rentre au coucher du soleil pour un apéro, digne de ce nom une fois encore avec cacahouètes, tapenade, pastis chic ! chic ! et des mégas steaks pour le repas ! Youpi ! (Les raviolis en boîte ça va bien un moment mais…).
Vendredi 11/06
9h30 Ouah ! ça c'est un vrai dodo ! Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas pu dormir si tard avec nos marmots lève-tôt. Petit dej peinard, puis on se tâte sur ce qu'on va faire… Douche d'abord car y'en a bien besoin pour tout le monde… évidemment ça nous amène déjà à midi… donc on mange… et puis après trois heures d'hésitation on se décide à aller voir s'il y a moyen de trouver un mouillage dans le coin bien abrité. Le vent souffle pas mal et y'a un avis de coup de vent sur Bonifacio… mais la météo locale n'annonce que du 4… On va voir un premier mouillage près de la tour à l'entrée de la baie mais ça s'avère beaucoup trop venté.
Du coup on fait demi-tour et on va se mettre derrière l'île juste en face du port… Le passage est étroit car d'un côté il y a des rochers qui affleurent, de l'autre il y a l'île et derrière y'a un banc de sable à 30 cm sous l'eau ! On se glisse entre tout ça (et vive les petits bateaux !) et on va se mettre sur un coffre là au milieu ! A la sonde on s'aperçoit que sous nous il y a 10 m de fond ! Surprenant vu les affleurements autour ! Pas moyen de savoir à quoi est rattachée la bouée sur laquelle on s'est mise car l'eau est aussi noire que dans un marécage !
Du coup on va questionner un gars du coin pour savoir si c'est un gros bateau qui a cette bouée ou pas… Tout va bien, apparemment ça appartient à une grosse vedette donc notre bateau ne devrait pas tout emporter !
On débarque sur l'île en face avec les enfants pour aller jouer sur une petite plage. On rentre au coucher du soleil, juste à temps pour se faire à manger et au dodo… Moi je ne dors que d'un œil en écoutant le vent souffler !
Samedi 12/06
8h30 on se réveille un peu inquiets du vent qui souffle déjà fort et ils annoncent des rafales à 80 km/h à Bonifacio… de quoi se méfier des parages où l'on se trouve ! Du coup avant même d'avoir avalé notre petit dej on quitte la bouée et on traverse en direction du port où l'on se met bien à l'abri entre deux bateaux !... Voilà le petit déjeuner peut maintenant se faire tranquillement !
C'est toujours une nuit d'économisée pour notre budget ! On passe une matinée linge… On lave le plus urgent sur le quai en se disant que la météo prévoit de la pluie demain et que pour une fois on aura du linge sec dans la journée. C'est qu'on est prévoyant maintenant !
On commence à discuter à droite et à gauche avec les bateaux voisins et le pêcheur du coin. Petite salade à midi, grosse sieste pour tout le monde et nous voila prêts à tenter l'aventure en stop pour monter au village. On se pose au bord de la route avec nos deux enfants en premier plan… Première voiture… Hop ! Elle s'arrête ! Le stop avec les enfants c'est génial !
Le gars qui est skipper sur un bateau à côté de nous nous amène jusqu'au village. De là on fait nos courses bien peinards dans le supermarché du coin (on avait oublié le pain, le pinard, le pastis… bref des choses hyper importantes !). On se paye même des "magnums" de quoi s'en mettre jusqu'aux oreilles pour les enfants !
Après ça avec nos sacs pleins on se repose au coin de la route, le pouce levé… Première voiture… Hop elle s'arrête ! Trop génial ! Ah vraiment on aurait du y penser avant ! Le gars qui nous prend fait même un crochet jusqu'au port pour nous déposer.
Il n'est pas loin de 7h du soir et c'est donc l'heure de l'apéro ! Avant même d'avoir pu s'installer on est invité par un couple que l'on a aidé précédemment lors de leur arrivée au port. On va donc à bord de leur luxueux bateau qu'ils ont acheté pour leur retraite. Un 9m50 "Océanis" de Bénéteau, moderne, tout en bois à l'intérieur et très bien décoré par la maîtresse de maison…
Le couple est fort sympathique et nous raconte avec un peu de nostalgie leur premier bateau de 7m avec leurs deux gamins à bord de l'age de Théo et Elodie. A bord de leur nouveau bateau, ils ont tout un équipement ultramoderne dont un pc portable avec les cartes marines du monde, GPS bien sûr, et appareil photo avec lequel le monsieur nous prend en photo tous les quatre. Photo désormais célèbre sur Photophiles ! Ah c'est quand même bien pratique ces portables…
On discute jusque tard le soir et au moment où on se décide à rentrer on voit un bateau qui arrive au port (bateau de location, attention danger) à fond de "blinde". Il va directement là où il ne fallait pas aller… A fond ! Eh oui ! Ce qui devait arriver arriva, il se plante au fond du port où il n'y a qu'un mètre d'eau… C'est con mais il fallait le savoir ! Du coup toute la panne est ameutée, chacun y va de son conseil pour désensabler les pauv'jojos… Bref, c'est la foire, l'attraction du port…
Une fois le bateau décoincé il s'en va à une autre place de l'autre côté de la jetée et il manque de justesse de se foutre sur les rochers !! Quel spectacle ! Ce n'est plus deux trois badauds, c'est carrément une foule sur le quai… La nuit tombe… Aie, aie ! Vont-ils s'en sortir ? Le suspense est intense… …. suite au prochain numéro !
Adeline Foray