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Le siècle de Cartier-Bresson


arteHenri Cartier-Bresson

Pierre Assouline propose un formidable documentaire sur celui qu’il avait à juste titre surnommé « L’œil du Siècle »  dans la biographie qu’il avait consacré à Henri Cartier-Bresson.*

"Le siècle de Cartier-Bresson", est un documentaire co produit par Arte France, Cinétévé, la Fondation Henri Cartier-Bresson et l'INA. Il va bientôt être diffusé à l’antenne par la chaîne Arte.

A voir , le 7 novembre à 22H05, sur ARTE.

*"Cartier-Bresson. L'oeil du siècle",  a été publié  chez Plon, puis chez Gallimard, dans la collection Folio, en 2001.

Le Mois de la Photo qui débute  à Paris, en novembre, est l’occasion pour Arte, de diffuser d’autres programmes ayant pour thématique la photographie.

Après avoir visionné ce film documentaire, j’ai souhaité poser quelques questions à son auteur.
Pourquoi avoir choisit de n'utiliser que la voix de Mr Bresson, pour raconter son parcours ?

Est ce un parti pris de votre part d'avoir fait coller l'interview de l'émission de radio « Le Bon plaisir de : - Henri CARTIER-BRESSON » (1991) (  Radio-France/Fnac, précédé de "Renseignements généreux sur H.C.B.") pour présenter au spectateur les images en rapport avec les sujets abordés ?

Pour quel raison, n'avez vous pas choisit de faire parler des gens proche, je pense bien entendu, à Martine Frank, ou à d'autres personnes de son entourage ?

On imagine qu'Agnès Sire, la responsable de la fondation HCB, et d'autres personnes qui l'ont bien connu auraient eut des choses intéressantes à raconter.

Cher Monsieur,

"Parti pris" est bien le mot. J’ai voulu raconter le XXème siècle et le métier de photographe, à travers le regard exclusif de HCB. Donc uniquement ce qu'il a vu. Uniquement sa voix en commentaire. Uniquement Bach (son compositeur préféré) en musique. Voilà tout. Une manière de lui rendre hommage. Il existe d'autres documentaires sur lui de forme plus classique (interviews de proches etc.). Il était inutile d'en rajouter un. Je dois cette recherche du pas de côté, du décalage et du parti pris à HCB.


Il existe effectivement plusieurs très beaux films documentaires, sur ce photographe, notamment : H.C.B. Point d'interrogation ? Réalisé par Sarah Moon, en 1994. A noter que Sarah Moon est photographe, et qu’elle est la compagne de Robert Delpire, qui est un ami proche d’Henri Cartier-Bresson.
Un autre documentaire intitulé Henri Cartier-Bresson, l'amour tout court, à été réalisé par Raphael O’Byrne en 2001, co produit par Arte.

Il y a quelque chose d’émouvant à  découvrir ce documentaire, revoir ses photographies, avec la voix de ce photographe, qui nous était devenu presque familier.

Le film débute par la voix off du film Southern Exposure réalisé par HCB.

« My name is Henri Cartier-Bresson, i’m french and i take photographs ».

« Mon nom est Henri Cartier-Bresson, je suis Français et je prends des photographies ».

Henri Cartier-Bresson est une légende, un mythe.

Nombre de photographes ont rêvés de vivre une vie comme la sienne, une vie d’aventurier  passé  à voyager, tout en documentant le monde.

Il symbolise la vision d’un ‘’ artiste ‘’, bien qu’il s’en soit toujours défendu.

C’est donc avec une liberté d’expression, qu’il utilise son regard, puis ensuite comme photo journaliste, avec la mission d’informer.

C’est sans doute, en cela que les 15000 milles planches contact qu’il à  laisser à la fondation HCB constituent une formidable mémoire du siècle.

L’œuvre de Cartier Bresson est d’autant plus forte, qu’il a su allier un point de vue décalé sur l’actualité, pour mieux nous en faire percevoir la réalité.

Photographe, mais aussi dessinateur, et cinéaste.


Henri Cartier-Bresson est né le 22 août 1908 à Chanteloup en Brie, petite commune proche de Roissy, en Seine-et-Marne, dans le château de famille.

Il est issu d'une famille de la grande bourgeoisie française.

Il dit « Je suis un grand bourgeois, issu d’une famille de cathos de gauche ».

Sa mère, Marthe, à laquelle il ressemble aime à jouer du piano.Elle essaie de le convertir à la religion, sans y parvenir. Son père, André, est à la tête d'une fabrique de fil à broder, qui est situé à Pantin.

" J'avais bien eu un Brownie Box comme beaucoup d'enfants, mais je ne m'en servais que de temps à autre pour remplir de petits albums avec mes souvenirs de vacances. Ce n'est que beaucoup plus tard que je commençais à regarder à travers l'appareil, mon petit monde s'élargissait et ce fut la fin des photos de vacances. "  Extrait de " L'instant décisif ", introduction de la monographie Images à la sauvette (1952).

Il vit son enfance entourée de nounous anglaises, dans un château, où il est né.Il est l’aîné de cinq enfants.

Le maître d'hôtel  lui donne du Monsieur Henri.

Ensuite il habite à Paris avenue de Villiers, puis rue Murillo.

A l'école, il joue de la flûte, pour ne pas avoir à joué au football. Son professeur, voyant qu’il n’a pas l’oreille musicale, l’incite à se tourner vers le dessin et la peinture.

Chez les Cartier, tout le monde a toujours dessiné, son père, son grand père, son arrière grand père, il est donc normal qu'il soit attiré par les arts. C'est son oncle Louis, peintre, prix de Rome en 1910, dont il fait la connaissance à 5 ans, qui lui fait découvrir les acteurs du milieu de la peinture, notamment Jacques Emile Blanche avec qui il peint à Offranville.

Il dit : « J’ai commencé à peindre vers quinze, seize ans ».Il se passionne pour les cours de peinture qu’il prend les jeudi et les dimanche, auprès de Jean Cottenet, un peintre ami de son oncle.

Il fait ses études au collège Fénelon, puis au lycée Condorcet, et bien qu'il tente le bac par trois fois, il n'obtient pas le précieux diplôme.

Henri ne suit pas la voie auquel son père le destine, celle de faire des études de commerce, à HEC, tout comme lui, avec pour ambition de reprendre l’affaire de famille.

Il a des difficultés avec l’orthographe, et à du mal à tenir en place, et  ne s’adapte pas à la rigueur de l’enseignement.

Alors qu’il est en classe de première, il se passionne néanmoins pour la littérature et lit Dostoievsky, Schopenhauer, Rimbaud, Mallarmé, Freud, Proust, Romain Rolland, Joyce, Hegel et Marx et  fréquente le musée du Louvre.

Introduit dans le milieu de l'art, il songe à devenir peintre. Il fréquente des Surréalistes, avec René Crevel, qu'il rencontre à seize ans, puis André Breton, Dali et Max Ernst, à vingt ans, avant de devenir familier avec de nombreux écrivains de l’avant garde.

En mars 2003, il déclare: « Le bruit court que c'est dieu le père qui décrèta: "que la lumière fut" ...Pour moi, je dirais plutôt: Lascaux, Paolo Ucello, Piero della Francesca, Poussin, Cézanne et la suite ... - à voir- ».


Il fréquente d'abord l'Ecole Fénelon et le lycée Condorcet à Paris, avant d'étudier la peinture auprès de Cottenet de 1922 à 1923.

Il  se rend à l'Université de Cambridge, en Angleterre, ou il étudie la peinture et la philosophie.

Parmi les photographes, qui l’ont influencé, il y a André Kertèsz,  son aîné, qu’il rencontre en 1927, et dont il dit : « Chaque fois qu’André KERTESZ déclenche son appareil, j’entends son cœur qui bat. Dans l’éclat de son œil, je vois l’étincelle d’un Pythagore. Le tout chez lui, dans une admirable recherche de constante curiosité. »

Il y a  Atget,Walker Evans, Munckaszi et Victor Casasola, ce photographe mexicain, dont il conserve une photo accrochée dans son atelier.


1927 à 1928, il étudie la peinture dans une académie à Montparnasse avec André Lhote, peintre cubiste.

" Il m'a appris à lire et à écrire. C'est-à-dire à photographier. » 

Gilles Mora des Cahiers de la Photographie interroge Cartier-Bresson, en 1986, sur sa relation avec le mouvement des peintres surréalistes: «J'ai été marqué, non par la peinture surréaliste, mais par les conceptions d’André Breton, tout jeune, vers 1926-1927. J'allais régulièrement aux réunions du Café de la place Blanche, bien que je ne fasse pas partie du groupe. La conception du surréalisme par Breton me plaisait beaucoup, le rôle du jaillissement et de l'intuition et surtout, l'attitude de révolte.» De Breton, «intimidant comme le Roi-Soleil».

1931 : " J'ai quitté l'atelier d'André Lhote parce que je ne voulais pas entrer dans cet esprit systématique, je voulais me remettre en question, être moi-même."

" Rimbaud, Joyce et Lautréamont en poche, je suis parti à l'aventure et j'ai gagné ma vie en chassant en Afrique à la lampe à acétylène. J'ai coupé net. "

Il n’a que 23 ans, lorsqu’après une déception amoureuse, avec Gretchen Powel, il décide de partir en Côte d'ivoire.

Il embarque à Rouen, gagne Bordeaux.Il trouve un pinardier, qui le conduit à Port Etienne, en Mauritanie, et de là, il fait route pour Douala au Cameroun.Il arrive à Dakar, après six mois de voyage. Après avoir exercé différents petits emplois, il va gagner sa vie, comme chasseur, de crocodiles et d’hippopotames.

Il fait ses premières photographies avec un Krauss, appareil dont le bouchon d'objectif lui sert d'obturateur, avec juste le souhait d’enregistrer des souvenirs.

Pris de fièvre, il a contracté une hématurie, ce qu’il nomme une « bilieuse », dans le documentaire.

Cette maladie causée par un parasite, ne lui offre que peut de chance de survie.Il doit la vie à un de ses compagnons ivoiriens, et à ses remèdes miracles.

De retour en France il fait des petits tours en Belgique, en Allemagne, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Autriche, en Hongrie, en Roumanie, puis en Espagne et en Italie, parfois en compagnie de André Pieyre de Mandiargues, et Léonor Fini.

" Je ne me retrouve jamais en face d'Henri Cartier- Bresson, écrit Pieyre de Mandiargue dans le Nouvel Observateur, sans penser à ces années 1930, 1931, et suivantes, où, au cours de nos voyages dans toute l'Europe ou de nos divagations à travers Paris, j'ai vu naître le plus grand photographe des temps modernes, par une sorte d'activité spontanée, une espèce de jeu d'abord, qui s'était imposée à ce jeune peintre comme à d'autres jeunes gens s'impose la poésie. Nullement par souci d'en faire l'objet d'une profitable carrière, car au deux petits bourgeois à peine sortis de l'adolescence et difficilement échappés à la règle de la bonne société que nous étions lui et moi, les mots de carrière et même de métier n'inspiraient assurément qu'une forte envie de vomir ! "

Dans l'édition annuelle de Photographies publiée en 1931, il voit la photographie des trois garçons au lac Tanganyika, de Martin Munkacsi, prise en 1929.

Cette photo va susciter chez lui une passion, pour la photographie.

1932, il s’achète un Leica d’occasion, à Marseille.

" A cette époque, je découvrais le Leica, j'y trouvais l'instrument parfait pour le dessin accéléré et l'exercice du regard sur  la vie. Je partais fouiner, il n'y a pas d'autres mots, j'allais flairer avec l'appareil....

Je ne quittais jamais mon appareil, toujours à mon poignet. Mon regard balayait la vie perpétuellement.

C'est là où je me sentais très proche de Proust, lorsque, à la fin de La Recherche, il dit : la vie, la vraie vie enfin  retrouvée, c'est la littérature. Pour moi, c'était la photographie.

En ce qui me concerne, photographier est un moyen de comprendre qui ne peut se séparer des autres moyens d'expression visuelle. C'est une façon de crier, de se libérer, non pas de prouver ni d'affirmer sa propre originalité. C'est une façon de vivre."  (Extrait de " L'imaginaire d'après nature "
1980 pour l'exposition au musée d'art moderne en 1981.)

Octobre 1933, Julien Levy, un galeriste féru de peinture et ami de peintres surréalistes, qui affectionne aussi la photographie, est le premier à montrer ses photos de rue.Il l’avait rencontré lorsqu’il faisait son service militaire au Bourget.

Ses photographies sont ensuite présentées au Club Ateneo, à Madrid.

Charles Peignot le publie dans la revue " Art et Métiers Graphiques ".

Henri Cartier-Bresson fait connaissance  de David Szymin,  connu sous le nom de David Seymour dans l’autobus, à Paris, en 1933.

c'est au café du Dome, à Montparnasse, il rencontre Endré Friedman, plus connu  sous le nom de Robert Capa.

Au sein d’Alliance Photo, une petite agence photographique, fondée en 1934 par Pierre Verger, Pierre Boucher, René Zuber, Emeric Feher, et Denise Bellon, la fine fleur de la photographie se cotoie.

Henri Cartier-Bresson, David Seymour et Robert Capa, se lient d’amitiés, et son rapidement  surnommés les trois mousquetaires.

Henri Cartier-Bresson part un an au Mexique avec une expédition ethnographique. Il se retrouve sans argent et vit dans l'un des quartiers "chauds" de Mexico, pendant une année.

Il expose au côté de Manuel Alvarez Bravo au Palacio de Bellas Artes de Mexico, puis séjourne aux Etats-Unis en 1935, où il prend ses premières photographies de New York et s'initie au cinéma aux côtés de Paul Strand, photographe et cinéaste américain, et autour d’un petit groupe de cinéastes fervents adeptes du cinéma soviétique.

Il rencontre Helen Levitt,  qui pratique une photographie dans les rues de New York.

A ce moment, il pense à devenir cinéaste.

« La photographie n’a jamais été pour moi qu’un des différents moyens d’expression visuelle. [... ]  Je changeais d’outil. »

Il s’achète une caméra 35 mm, et travaille avec le groupe Nykino.

Le 23 avril 1935, Julien Levy (1906-1981), l’expose à nouveau, dans sa galerie au 602 , Madison Avenue,NY.

Cette fois , c’est au côté de Manuel Alvarez Bravo et de Walker Evans,qui deviendront aussi des figures de l’histoire de la photographie.L’exposition s’intitule «  Documentary and anti-graphic photographs ».


1936, il met en pratique son intérêt pour le cinéma, lorsque Jean Renoir répond positivement à sa demande de devenir son  assistant.

Sa collaboration débute, avec le film «  La vie est à nous » ", film de propagande commandé par le parti communiste, puis sur " Une partie de campagne ", ou il est 2 éme assistant du metteur en scène.

1937, il épouse Ratna Mohini (1904-1988), une danseuse d’origine javanaise avec qui il vit jusqu’en 1967.

Le 12 mai 1937, pour le couronnement du roi George VI  à l'abbaye de Westminster, il est dépéché par le journal Ce Soir.Il réalise un reportage décalé qui présente l’à côté de l’événement officiel. Louis Aragon l'introduit à la revue " Regards " auprès de laquelle il publie plusieurs reportages.
Cette même année, HCB passe derrière la caméra, et réalise deux films documentaires sur les hôpitaux de l'Espagne républicaine, " Victoire de la Vie ", " L'Espagne vivra ", pour le Secours Rouge.

Un autre film documentaire tourné en Espagne dont, il est l’auteur, que l’on croyait  perdue, vient de refaire surface en 2010.

Il s’intitule : « With the Abraham Lincoln Brigade in Spain ».

1939, il est assistant de réalisation de Jean Renoir, avec Jacques Becker et André Zvoboda sur le film " La règle du jeu ", qui reste comme un chef d'œuvre du cinéma Français.

En Septembre 1939, lorsque la seconde guerre mondiale éclate, il rejoint l’armée avec le grade de caporal. Il sert à l’ECPA,dans l’unité du cinéma et de la photo.

Mobilisé en mai 1940, il est fait prisonnier un mois plus tard, à St Dié, dans les Vosges.

Quand il s’évade, en 1942, il dit à Alain Douarinou,  (1909-1987), avec lequel il partage sa captivité, qu’il souhaite devenir peintre.

Après trente cinq mois  passés dans un Stalag, il réussit à s'évader en 1943 après deux tentatives infructueuses.

Il participe au MNPGD, mouvement clandestin d'aide aux prisonniers et évadés, et c'est à ce moment qu'il réalise des portraits d'artistes et d'écrivains pour les éditions Braun : Matisse, Picasso, Braque, Bonnard, Claudel, Rouault.

HCB : « Peu de temps après mon évasion, Georges Braque m’a donné le petit livre d’Herrigel, « Le Zen et le tir à l’arc ». Je l’ai d’abord pris pour un manuel de la photographie telle que je l’entendais. Très vite, je me suis rendu compte que bien au-delà, c’était une façon de vivre, d’être, liée à l’éthique libertaire (l’anarchie, antidote à la voracité du pouvoir). Dans un monde qui s’écroule sous le poids de la rentabilité, envahi par les sirènes ravageuses de la techno science, de la mondialisation, nouvel esclavage, au-delà de tout cela, l’amitié et l’amour existent. »

Entre 1944 et1945, il s'associe à un groupe de professionnels qui photographient la Libération de Paris, et signe un documentaire sur le rapatriement des prisonniers de guerre et des déportés, intitulé " Le retour".

1946, il part à New York, et passe plus d'un an aux Etats-Unis pour compléter l'exposition "posthume" qui lui est faite.

Beaumont Newhall, le conservateur du Musée d'art moderne de New York, et sa femme Nancy en avaient pris l'initiative en 1941, le croyant disparu.

L'exposition a lieu en février 1947.

163 images, issue de son carnet à la couverture de cuir, devenu depuis le célèbre « Scrapbook » apparaissent dans l’exposition en présence de son auteur.

Il voyage ensuite à travers les Etats-Unis avec Truman Capote, pour le compte du magazine Harper’s Bazaar.

Alexey Brodovitch et Carmel Snow, les deux directeurs artistiques, de cette revue l’envoi photographier des écrivains et des artistes, pour un projet sur la Nouvelle Orléans.Le jeune écrivain, met fin à sa collaboration et rentre à New York après quelques semaines.C’est donc John Malcom Brinnin, un autre écrivain, qui est choisit, pour  écrire, et conduire le photographe.

L’exigence de HCB à décider de s’arréter à tout bout de champ, pour faire ses clichès met rapidement fin, à ce travail.


1947, il fonde l'agence coopérative " Magnum Photos " avec Robert Capa, David Seymour (dit Chim), William Vandivert et George Rodger.

Ayant rencontré Robert Capa, et David Seymour, dans les années 1933, les différents protagonistes souhaitent garder le contrôle de leurs productions, et surtout faire en sorte que les magazines, ne conservent pas leurs images pour en disposer comme bon leur semble.

La création de cette entité doit en théorie leur permettre de garder le contrôle sur les légendes, avec un éventuel droit de regard, sur la mise en page.Henri Cartier-Bresson fait toute confiance à Capa , pour  lui trouver des sujets , et négocier les ventes des reportages.


De1948 à 1950, il passe trois ans en Orient.

En décembre 1948, c’est pour le magazine Life, qu’il part en Chine.En décembre 1948, Le photographe utilise un deuxième appareil, pour enregistrer des images avec un film couleur.Il envisage d’utiliser la couleur pour répondre à la demande de Paris-Match.

Cependant, le photographe a toujours indiqué détester l’usage de la couleur, et le recours au flash.

Il sera le dernier photographe à approcher le Mahatma Gandhi avant son assassinat.

1952, il publie son premier livre mythique, avec l’éditeur Tériade. "Images à la Sauvette", dont la couverture emblématique s'orne du collage de Henri Matisse.

Ce livre lui servira de carte de visite, pour être admis en URSS, après la détente.

1954, il publie " Danses à Bali " avec la complicité de Robert Delpire, avec un texte d'Antonin Artaud sur le théâtre Balinais.

Ce sera, le début d'une longue collaboration avec cet éditeur qui deviendra l'un de ses amis.

1955, il est le premier photographe à exposer des photographies au Pavillon de Marsan, au musée du Louvre.

Il publie "Les Européens" avec Tériade, avec en couverture de l’ouvrage une peinture de Joan Miró.

1958-59, il retourne en Chine pour trois mois à l'occasion du dixième anniversaire de la République Populaire.

1963, il retourne au Mexique après trente ans et y reste quatre mois. " Life ", le célèbre magazine américain l'envoie à Cuba, c'est là qu'il immortalisera Ché Guevara souriant.

1965, il voyage plusieurs mois au Japon.

1966, il retourne en Inde.

Il quitte l'agence Magnum qui conserve  l'exploitation de ses archives.

Ses photographies continuent d'être tirées chez Pictorial Service par son ami Pierre Gassman, avant que Georges Fèvre ne devienne son tireur attitré.

1967, il répond à une commande d'IBM pour une étude sur "L'Homme et la Machine", qui donnera lieu à un ouvrage du même nom.

1969, il voyage en France pendant un an pour la sélection du Reader's Digest et publie le livre "Vive la France".

1970, Il  fait l'objet d'une exposition au Grand Palais à Paris. Cette même année, il épouse Martine Frank, une talentueuse photojournaliste, qui lui donnera une fille prénommée Mélanie.

1974, il se consacre au dessin, au portrait et aux paysages photographiques.

1975 voit sa première exposition de dessins à la " Carlton Gallery " à New York.

1980, il retourne en Inde.

1981, il reçoit le Prix National de la Photographie.

1986, il reçoit le Prix Novecento à Palerme, en Sicile.

1987, Peter Galassi au Musée d'Art Moderne de New York organise l'exposition "Early Works", qui revient sur les premières années de son oeuvre.

1988, le Centre National de la Photographie à Paris lui rend hommage.

1997, il expose ses "Dessins, 1974-1997" à la Galerie Claude Bernard à Paris.

En l'an 2000, il décide, avec ses proches de créer une Fondation destinée à rassembler son oeuvre et à créer un espace d'exposition ouvert à des artistes de disciplines diverses.

2002, la Fondation Henri Cartier-Bresson est " reconnue d'utilité publique " par l'état français.

2003, une grande rétrospective intitulée "De qui s'agit-il ?" a lieu à la Bibliothèque Nationale de France.

La Fondation qui porte son nom ouvre en 2004, avant qu'il ferme ses  yeux couleur d'azur,  le 3 août â l'âge de 95 ans à Céreste dans sa maison du Lubéron. Il est enterré à Montjustin.

Henri Cartier Bresson était à n'en pas douter un génie de la photographie. Il reste au coté de Nadar, Niepce, Atget, comme un photographe ayant marqué l'histoire de la photographie.

« La photo m’a permis de mener la vie que j’avais choisie.J’avais une grande curiosité du monde.Dans ces années-là, on ne pense à quel moment on prend une photo.On pense à vivre ! ».

Martine Franck, sa veuve, est décédée d’un cancer à l’âge de 74 ans à Paris, en août 2012.

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Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :

Chronique par Roland Quilici
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Au service de la photographie depuis 2001