Dévier le sens originel par une mise en scène photographique pour apporter une autre naissance à l’œuvre.
Rendre à la statue son caractère humain, que l’oeuvre s’efface face au modèle.
Avec la lumière, envelopper, caresser et ranimer le regard froid pour éveiller des vérités mystifiées de ces souvenirs endormis.
Avec les ombres, faire que le marbre redevienne chair, que disparaisse le visible pour rendre à l’œuvre son âme et lui donner, comme dans le théâtre des masques, une émotion nouvelle.
Avec le cadrage, qu’on s’intéresse à un détail ou à une entité, l’impact original de l’œuvre est toujours préservé.
Et on découvre tantôt le vrai visage du modèle, tantôt c’est un masque : un mystère se résout, un autre s’épaissit.
Que ce soit l’un ou l’autre, un nouveau regard apparaît et leur identité est conservée.
Plus anonymes que l’artiste lui même, les modèles prennent vie et nous font oublier le caractère désincarné des œuvres célébrées.
Faire cohabiter deux mondes fixes - sculpture et photographie - pour donner naissance à un objet vivant.
Figée dans sa fleur d’âge, baignée dans son sfumato, cette Jeunesse apparait comme vision, de presque rien à presque rien, de l’aube pour disparaître la nuit. Un cycle se répète mais sa beauté est éternelle.
La décliner en une série d’images revient à lui faire découvrir ses belles jumelles.
Texte et photographies par Erphene Nikita
Site internet : www.erphene.net