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Le chemin de St Jacques

 

Le chemin de St Jacques

Texte par Francis Vansteenwinckel
Photos par Simon Vansteenwinckel

Aujourd’hui, les vents de la vie me poussent vers un nouveau port.
Aujourd’hui, la maladie a pris possession de mon corps.
Devenu un voyageur immobile, bloqué derrière mon clavier à mots,
Je me suis mis à rêver, à rêver d’un chemin…
C’est donc ainsi que j’ai pris ce chemin de St Jacques, ce chemin où une multitude de femmes et d’hommes qui m’ont précédé, a déposé une larme, un rire, une goutte de sueur, un chant, un pas d’espérance. Sur l’autel des murets moussus, ils ont offert leurs richesses et leurs faiblesses, leurs rêves et leurs craintes.
Comme eux, j’ai retrouvé la nudité de l’humilité, celle qui tend les muscles d’un corps abandonné à la fatigue et au désespoir.
Au bout, il y a le Cabo Finisterre, la fin des terres.
Peu m’importe !
Le chemin, ce chemin, a redessiné les contours de mon âme, celle d’un corps sublimant le miracle de la vie !

Le chemin est là.
Il est le mien.
Il part d’ici.
Il va là-bas.

D’une traversée en solitaire, seul maître à bord,
Me voilà bordé d’un équipage
Dont les bras et les jambes m’arrachent de ma cage.

Assis sur mon vaisseau,
Les pieds à 20 centimètres du sol,
Je sens, oui, je sens,
La matière, la mouvance du sentier :
L’effleurement des herbes folles,
La souche glissante,
La roche qui cogne,
L’herbe drue.

Siégeant sur mon vaisseau,
Je longe les rives d’un plateau,
Ouvert sur un ciel toujours immense.
Je m’incline vers un vallon
Au fond duquel, je devine des eaux nonchalantes.
Je surmonte une ronde colline
D’où je contemple mon petit monde.
Sous le ressac du chemin,
Dans la tête, je danse une ronde,
La musique à portée de mes mains,
Celle des vents et des brises
Qui, d’une clef de sol, me font la bise.

L’étape est longue.
Le silence est revenu.
Rien que les pieds qui tapent,
Le souffle court,
Parfois sifflant de rage,
La joëlette qui chaloupe davantage,
Qui saute sur la pierre que l’on n’a pas vue.
Je sens cette fatigue,
La peau qui colle,
Le muscle rigide,
La pointe dans le dos,
Une tête où il n’y a plus que le vide.
Mon corps est ébahi par ce plaisir d’être.
Ainsi un nouveau corps céleste vient de naître,
Une nouvelle étoile dans mon ciel de vie,
Celle de la fraternité du chemin qui, à jamais, nous lie.
Nous étions amis ou connaissances.
Nous voici sœurs et frères,
Animés par une même reconnaissance.

Ainsi, dans ma tête, cette « inaccessible étoile », celle de notre ami Jacques, cet autre Don Quichotte, celui de « ce plat pays qui est le mien ».
Fossés, pierres, troncs moussus, eaux folles … la vie du chemin.
Et puis, Conques, vaisseau de pierre pour nous recueillir sous la grâce de ses arches dorées. Mon chemin ne s’est point arrêté là.
Avec ma Dulcinea, ma Ma(deleine)rie, je file, tel une étoile, tel un canal dont les moulins géants s’animeront toujours sous le souffle de ma vie !

Du 22 au 30 septembre 2007, d’Aumont-Aubrac à Conques, en sept étapes successives, soit 117 kilomètres pour traverser les vastes plateaux désertiques des Monts de l’Aubrac, descendre dans la douce vallée du Lot, découvrir les merveilleuses petites cités de Saint-Côme-d’Olt, d’Espalion, d’Estaing, pour remonter ensuite en pleine lumière dans la « montagne » et lever, au terme du chemin, le regard et le cœur sur la prestigieuse abbatiale de Conques.

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Texte par Francis Vansteenwinckel
Photos par Simon Vansteenwinckel

Le film de cette aventure :
http://www.penitence.be/spectiffilms/mediaplayer_compostelle/
compostelle_low.html

D'autres images sur ce reportage vous sont offertes sur le lien :
http://picasaweb.google.com/jacquesfrel/DonQuichotteDeCompostelle

D’autres textes et d’autres images sur le site de Francis Vansteenwinckel
http://www.francisvan.com



Au service de la photographie depuis 2001