Sergey Maximishin crible la vie quotidienne
Sergey Maximishin crible la vie quotidienne
L'un des photographes russes les plus récompensés (24 prix à son actif entre 2001 et 2007), Sergey Maximishin voit le jour en 1964. A 21 ans, il fait son service militaire au sein du groupe de Force Militaire Soviétique à Cuba, durant deux ans. C'est à cette époque, qu'on lui confie la mission de photographier Fidel Castro, visitant le régiment.
Une passion tardive
Il explique sur le site de l'internaute Photo Numérique, "On m'a confié une mission de photographe car j'étais le plus instruit puisque j'ai été appelé sous les drapeaux lors de ma 3ème année de fac à St Petersbourg. Ma première prise de vue "professionnelle" était donc un reportage de la visite de Fidel Castro dans notre régiment. Après le service militaire, je n'ai pas touché un appareil photo pendant 10 ans".
En 1996, il décide d'étudier le photojournalisme à l'université de Saint Pétersbourg, parce qu'il a "entendu parler de la faculté de photojournalisme auprès de l'Union des photojournalistes de St. Petersbourg et j'y suis entré". Deux ans plus tard, il devient photographe attitré d'ans l'un des plus importants journaux russes, Izvetia. Puis depuis 2003, il collabore avec l'agence allemande, Focus, en freelance.
Daily Life en Freelance
Sergey Maximishin n'aime pas traiter des actualités, de la politique, ni des célébrités. "Je pense que je cherche à raconter aux gens comment vivent les autres gens. La photographie - comme la musique - est une influence intraveineuse" explique-t-il.
Le site ArtActif le définit comme un photographe sensible témoin du chaos, "De ses voyages dans des pays en marge de la scène politique internationale, ravagés par la guerre ou délaissés des médias et donc oubliés du grand public, il rapporte des images poignantes et bouleversantes qui révèlent son sens artistique et son humanité. Sa sensibilité l'amène dans des territoires où le chaos s'est installé. Les photos sont prises au péril de sa vie et souvent dans des conditions extrêmes en Corée du Nord, en Irak, et dans les pays de l'ex Union soviétique. Un réalisme sans faille et la neutralité de ses images révèlent un reporter aguerri mais aussi un homme empreint de compassion".
Le photographe s'imprègne de la vie quotidienne des gens qu'il rencontre. D'Irak à l'Inde, en passant par la Corée du Nord et la Grozny, entre autre. Il photographie des hommes, des femmes et des enfants à un moment donné de leur vie: révolte (Manifestation du 1er Mai, Saint-Pétersbourg, Russie, 2000), détente (Restaurant Mao, Saint-Pétersbourg, Russie, 2003), politique (Portrait de Vladimir Putin, St.Petersburg, Russie, juin 2001), famine (The Holiday of Kurban-Bairam, St.-Petersburg, février 2004), guerre (Des enfants à Grozny, Chechnya, 2000)...
Une exposition, "Russie le dernier empire, 20 ans après" à la galerie Domus
En 2007, La galerie Lyonnaise Domus expose une série de clichés sur la Russie. Décadence, alcool, guerre, emprise politique, toute la Russie des 20ème et 21ème siècles. Il photographie Vladimir Poutine dans une posture dominante, voire terrifiante, qui marque son empreinte sur le pays. Le choix de couleurs sombres, et une nette de l'image, mettent en évidence la puissance de cet homme politique, mais aussi son côté obscur. Face à cette photo, il y a le conflit Tchéchène. Des enfants armés, des enfants face à la dureté de la vie qui s'émerveille devant un chat.
Entre chaos et innocence enfantine, le spectateur est face à "une vision éclatée de la Russie actuelle. Mais que ce soit à travers les reportages sur la guerre en Tchétchénie, le monde des hôpitaux psychiatriques, les scènes étonnantes, voire oniriques, de la campagne profonde ou bien encore les images de la vie quotidienne de Saint Pétersbourg, il nous entraîne dans un monde étrange, un tourbillon ou semble planer encore et toujours l’esprit de Nicolas Gogol" écrit le site Domus.
Sergey Maximishin explique à l'Internaute ce qu'il y a d'intéressant à photographier la Russie, "A l'exception de la Corée du Nord, la Russie est un des pays les moins photographié du monde. Il y a beaucoup de raisons : des distances énormes et une relative mauvaise accessibilité à la plupart des régions. J'ai passé en Irak 42 jours, et j'ai eu l'impression arrogante de comprendre ce pays. Pourtant, je vis en Russie depuis 42 ans, et je n'y comprends rien. La Russie est un pays sans plafond ni plancher. Le génie et la bêtise, la pauvreté et la richesse, la bassesse et la noblesse, le bien et le mal ne sont pas limités dans leurs manifestations. Ni par le haut ni par le bas".
Ce photographe "sous pression", comme les experts le nomme, "dénonce le désarroi des êtres humains" conclut ArtActif. De son côté, le photographe explique "Chaque photojournaliste a la même mission : faire un portrait de notre époque sans se soucier de son pays".
Site Web de Sergey Maximishin: www.maximishin.com
Récompenses
2001:
Russia Press Photo contest: First Place in "Culture" (single) category, First Place in "Daily life" (project) category, First Place in "Daily life" (single) category
"Golden pen" award from the St-Petersburg Union of Journalists
"Photographer of the year" award from"Ogonyok" magazine
2002:
Russia Press Photo contest: First Place in "the Nature, ecology and an environment" category, Third Place in "People" category, Third Place in "Humour" category
"Photographer of the year of St-Petersburg" award
"Best report of the year" award from the Russian Academy of Journalism
2003: Russia Press Photo contest: First Place in "the Nature, ecology and an environment" (single) category, Second Place in "People" category, Second Place in "Culture" (project) category, Second Place in "Culture" (single) category, Third Place in "News" (project) category, Special jury award
2004:
World Press Photo: First Place in "Arts and entertainment" (single) category
Russia Press Photo contest: First Place in "People" (single) category, Second Place in "Daily life" (single) category, First Place in "Culture" (single) category, First Place in "Culture" (project) category
2005: UNEP International Photographic Competition on the Environmental: Honorable mention
2006: World Press Photo: First Place in "Daily life" (single) category
2007: Exposition à la Galerie Albert Benamou
Photos : http://www.maximishin.com
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Céline Tabou |