David Royston Bailey est né le 2 janvier 1938 à Leytonstone, dans une banlieue de l’East end de Londres, à quelques pâtés de maison du lieu de naissance d’Alfred Hitchcock.
Sa famille déménage après le bombardement de leur maison, lors d’un raid aérien, pour s’installer à Heighman road dans le quartier d’East Ham, il à alors trois ans. C’est là, que Thelma, sa petite sœur, et lui sont élevés par Gladys leur mère. Sa tante Dolly et son bull terrier, habite l’étage au dessus de la maison. Son père Bert qui exerce la profession de tailleur, ne tarde pas à quitter sa famille.
David s’intéresse à l’ornithologie.
A 10 ans, il rêve de devenir peintre.
Il prend sa première photographie de petits moineaux avec le Brownie, de sa mère, sans que ce soit une réussite.
Il souffre de dyslexie, ce qui explique sont manque de réussite à l’école.
A 13 ans, il remporte un prix, pour un dessin qu’il fait de Bambi, le petit faon, héro du dessin animé de Walt Disney.
Il découvre ensuite le cinéma à travers des films Hollywoodiens, ce qui constitue la seule activité culturelle, de son quartier, et lui permet d’être au chaud, car cela coûte moins cher que d’allumer le chauffage à la maison. En effet, à cette époque, on mettait des pièces d’un Shilling pour actionner le compteur de gaz, afin d’actionner le chauffage
Il voit ainsi des films, cinq à six nuits par semaine, en mangeant des sandwiches garnies de confiture.
A 15 ans, il quitte l’école.
1954, à seize ans, il gagne sa vie tour à tour, comme vendeur de tapis, puis vendeur de chaussures, et étalagiste, durant deux années.
La découverte de la musique de Stravinsky, et l’œuvre du peintre Picasso, avec sa peinture représentant Dora Maar, sont deux éléments qui marquent son parcours artistique.
Il dit : « J’ai vu un Picasso dans Look magazine, lorsque j’avais dix sept ans. Je ne savais pas ce qu’était une œuvre d’art avant cela, et cela m’a enthousiasmé. Si je n’ai jamais eu un semblant de révélation dans ma vie, cela en fut une. Picasso m’a montré qu’il n’y avait pas de règles. Une roue de bicyclette ne doit pas être nécessairement ronde. Il avait une inventivité visuel simple, jamais compliqué, et jamais prétentieuse. C’est ce que je m’efforce d’exprimé dans mes photographies, la simplicité. »
1956, à dix huit ans, il fait son service militaire dans la Royal Air Force, et il est envoyé à Singapour. On lui inculque le saut en parachute et la survie dans la jungle.
Sorti de l’école sachant à peine lire, il apprend par lui-même.
Il dit qu’à cette époque, il envisage trois alternatives pour son futur, la première est de devenir boxeur, la seconde de se lancer dans une carrière de musicien, et la troisième de devenir voleur de voiture.
Il se décide pour l’achat d’une trompette, et poursuit l’ambition d’en jouer avec autant de talent, que Chet Baker. Malheureusement, il prête l’instrument à un officier indélicat, qui ne le lui rend pas, ce qui met fin à ses ambitions de musicien.
Après avoir découvert dans Life magazine, la photo noir et blanc d’une femme qui prie au soleil couchant à Srinagar, aux Indes, faite par Henri Cartier-Bresson, en 1948, il fait l’acquisition, d’une copie asiatique, du célèbre appareil photo Rolleiflex de l’époque.
La découverte de la musique de Stravinsky, et de Picasso, avec sa peinture représentant Dora Maar, sont deux éléments qui marquent son parcours artistique.
Lors de son service militaire, il a d’ailleurs accroché un poster de cette peinture de Picasso, au dessus de son lit, ce qui lui vaut une bagarre, devant les railleries de ces camarades de chambrée.
Il se rend vite compte qu’acquérir la technique photographique, est une chose, mais que faire acte de création demande une toute autre habileté.
A son retour à Londres, en août 1958, il a la ferme intention de devenir photographe.
Après avoir postulé auprès de magazine, et de photographes, il trouve un emploi auprès de David Olins, un photographe qui travaille pour le magazine de mode Queen.
Hélas, cet emploi consiste seulement à faire le coursier.
Il postule également au London College of Printing, pour y suivre des cours de photographie, mais hélas, son niveau scolaire, n’est pas à la hauteur des exigences requises.
Moins de six mois plus tard, il trouve enfin un vrai job comme second assistant, dans les studios John French, un photographe de mode de renom.
La façon de travailler s’apparente à celle qui a cours sur les plateaux de cinéma, avec un titre de premier, deuxième ou troisième assistant.
Il passe onze mois à apprendre la technique, toujours par lui-même.
Juillet 1960, à 22 ans il rejoint le staff du Vogue Anglais.
Son contrat lui assure 600 £ par an, une somme conséquente.
Deux mois plus tard, ses photos paraissent dans la rubrique « shopping ».
Une image pour le Daily Express de Paulene Stone qui pose à genoux, et joue avec un écureuil, en studio, est le signe annonciateur du talent de Bailey.
Cette image marque le début d’une rupture avec les standards de l’époque.
Il obtient rapidement de faire sa première couverture, pour Vogue en février 1961.
Bailey découvre au même moment Jean Shrimpton, un mannequin de 18 ans, qui devient une célébrité, en partie grâce à lui.
Elle est également sa muse durant quelques années.
Il s’intéresse au photojournalisme, et à la photo de portrait, mais nullement à la photo de mode.
Lorsque Vogue lui propose de le payer pour passer ses journées à photographier de jolies filles, en studio, il accepte avec enthousiasme.
Bien qu’il ne vienne pas d’un milieu aristocratique, il va néanmoins réussir une carrière, dans ce milieu très fermé de la mode, où les photographes, tel Cecil Beaton, ou Norman Parkinson sont eux issus de la haute société.
Il apprécie le style des photos faites au Leica, dans la rue, par William Klein, et Frank Horvat, deux de ses confrères Français, qui ont une grande influence sur les photographes de mode.
Il n’hésite pas à faire comme eux, et adopte un nouvel appareil photo, un reflex Asahi Pentax de format 24 X 36, qui va lui permettre de bousculer les traditions du genre, en lieu et place de son appareil télémétrique Canon.
Il collabore également comme photographe indépendant avec le Daily Express, le Sunday Times, le Daily Telegraph, ou encore pour Elle.
1965, c’est Roman Polanski, qui lui présente Catherine Deneuve. Il l’épouse peu de temps après.
1966, Michelangelo Antonioni, devenu depuis un célèbre réalisateur italien, de la nouvelle vague, s’inspire de David Bailey, et de Veruschka , une superbe mannequin, pour donner vie à son personnage Thomas, incarné par David Hemmings, qui est photographe dans Blow-up, un film culte, qui met en scène Jane Birkin, autre mannequin que Bailey à fait découvrir.
Sur une période de dix années, il devient une figure, dans la presse et la publicité.
Avec Richard Avedon, Irving Penn, et quelques autres, notamment Jean Loup Sieff, en France il devient l’un des photographes de mode connus dans le monde entier.
Sa notoriété vient du fait de ses innombrables portraits en noir et blanc, réalisés en studio, autant qu’en extérieur.
En studio, il utilise une chambre 4X 5 Linhof, un appareil 6x 6, ou une chambre 20 X 25.
Sa photo de deux frères jumeau, les frères Kray, qui sont deux gangsters notoire défraie la chronique, d’autant qu’ils font ensuite l’objet d’une condamnation.
Cette photo noir et blanc qui date de 1966, reflète son style de faire poser les gens en jouant avec le format avec une vue au plus proche de son sujet sur un fond blanc.
Il réalise également des images de sa banlieue, qui ne sont pas sans rappeler celles de Bill Brandt, un photographe célèbre, dont il fait un portrait souriant.
Il immortalise John Lennon, et Paul McCartney, George Harrison, puis John Lennon, avec Yoko Ono, ou les Rolling Stones, en signant la photo de couverture de leurs deuxièmes albums musicaux «12X5».
1964, on retrouve son style très personnel, sur la pochette de l’album Out of Their Hands, des Rolling Stones.
1965, il signe la couverture d’un album du groupe de pop anglais mythique The Who.
Il prend le portrait de la chanteuse Marianne Faithfull, et de nombreuses actrices de cinéma, comme Mia Farrow, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Raquel Welch, ou Géraldine Chaplin, mais aussi des acteurs très en vogue, tels Peter Sellers ou Michael Caine, et de nombreux modèles, tel Jean Shrimpton, Twiggy ou Penelope Tree, sans oublier Kate Moss, ou Naomi Campbell, plus récemment.
Quelques artistes peintres, dont David Hockney, ou Jim Dine, et des cinéastes, comme Joseph Losey, ou Roman Polanski avec sa compagne Sharon Tate peut avant qu’elle ne soit assassinée, ou plus récemment son ami Damien Hirst, artiste peintre dont la côte atteint des sommets, sont quelques unes des figures marquantes, qu’il à photographier.
Son portrait d’Andy Warhol, est également une image iconique, tout comme celui de Brian Jones, un des musiciens du groupe des Rolling Stones, mort noyé dans sa piscine, après avoir pris des drogues, en 1969.
Ami avec Mick Jagger, il l’est aussi avec Jerry Hall, un ancien mannequin, qu’il a souvent fait poser, alors qu’elle était la compagne du célèbre chanteur.
Il capte également de nombreuses collections de mode à Londres et à New York pour des magazines aussi prestigieux que le Vogue Américain, le Vogue Anglais ou Italien, et le magazine Glamour.
Il a également produit et réalisé des films documentaires, l’un sur le cinéaste Luchino Visconti, un autre sur le photographe Cecil Beaton, et un troisième sur l’artiste du Pop Art Andy Warhol.
Un des spots publicitaire tourné par David Bailey, et diffusé à la télévision en 1985, reste dans la mémoire collective. Il dénonce le commerce qui est fait avec la fourrure du Lynx, un animal menacé d’extinction.
On y voit une femme qui descend d’une voiture. Au fur et à mesure qu’elle marche, elle laisse derrière elle une traînée de sang, alors qu’elle est vêtue d’un long manteau de fourrure. Le sous titre indique qu’il faut 13 animaux pour faire le manteau et un seul pour le porter.
Aujourd’hui, à 72 ans David Bailey est toujours sur la brèche.
Il continue la photographie, mais il à élargi son champ, avec la création de sculptures, en argent, en bronze, qui sont actuellement visible dans une petite galerie Londonienne, (Pangolin Gallery), non loin de son studio de King’ Road, un lieu très chic de Londres.
Certaines de ses œuvres représentent des crânes d’humains, ou d’animaux qui semblent sortir d’une mythologie inconnue.
Il a déjà fait œuvre avec des peintures, en utilisant dés 1973, des Polaroids scarifiés.
Il reste l’enfant terrible de la mode, et surtout un personnage qui explore divers compartiment de la création photographique, depuis plus de cinquante ans.
Il a publié un ouvrage qui avait pour thématique des sexes féminins, et masculins ce qui n’a pas manqué de défrayé la chronique.
Il est l’un des derniers photographes de mode Anglais de sa génération encore vivant.
Son ami Terence Donovan, autre photographe avec qui il avait débuté s’est suicidé.
Il laisse une trace des « Swinging sixties », comprenez, ces années soixante qui balance.
On lui a décerné en 2001, la distinction de Commandeur de l'Empire britannique.
Marié quatre fois, il a trois enfants, avec sa dernière épouse Catherine Dyer, une ex modèle rencontré lors d’une séance photo pour le Vogue Italie, en 1983.
Leur fille se prénomme Paloma, en mémoire de la sœur de Pablo Picasso, et leur premier fils s’appelle Roger, en mémoire du célèbre photographe anglais Roger Fenton. Le troisième se prénomme Sascha.
En savoir plus sur les illustrations
Photo 1
Couverture du livre David Bailey Fotografie (Fotografie Portfolio) par David Bailey - Editeur: Stern Portfolio
Photo 2
Couverture du livre David Bailey: Archive One, 1957-1969 par David Bailey (Author), Martin Harrison - Editeur: Thames & Hudson Ltd
Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :
Chronique par Roland Quilici
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