Gustave Le Gray
Gustave le Gray se situe dans les années phares du XIXème siècle où la photographie émerge et fait ses débuts. Il appartient à une catégorie d'artistes plus ou moins oubliés de l'histoire de l'art, grâce à cette exposition il fait l'objet d'une redécouverte. Cependant il ne manquait pas d'ambition puisque d'emblée il voulait placer la photographie au niveau de l'Art. Aucune ambiguïté était possible, sa détermination était telle, que la photographie devait être considérée comme un moyen déterminant d'exprimer son style et surtout son art.
Durant sa carrière, il est nommé photographe à titré de l'Empereur Napoléon III, ce privilège prestigieux paraissait inébranlable. Cependant un exil forcé le conduisit à quitter tout ce dont il bénéficiait jusque là.
Cette exposition surprenante semble passéiste, loin des préoccupations contemporaines de notre siècle. Pourtant elle montre sa vision et son étonnante acuité face au réel où la technique se substitue au sublime de l'art. Les photographies de Gustave le Gray sont saisissantes d'émotion et de sensibilité tout en témoignant d'une maîtrise des moyens utilisés.
D'ailleurs il est étonnant de voir les négatifs en verre qui sont d'une qualité prodigieuse. L'époque est au balbutiement, il en demeure pas moins que l'artiste témoigne d'une conscience lucide de l'appareil photographique avec ses possibilités et ses limites. Les couleurs des tirages teintés de sépia et de bruns datent une époque tout en témoignant d'une modernité.
Gustave le Gray reste très attentif à l'environnement architectural et à la nature de son pays avec des prises de vues du Sud Ouest tel que les remparts de Carcassonne ou Notre de Dame de Paris. Il manifeste toute sa sensibilité en photographiant rigoureusement et méticuleusement la nature dont la forêt de Fontainebleau où se trouvait les peintres de Barbizon. Un chêne exprime sous son regard sa puissance avec une lumière cuisante et des ombres profondes. Aussi ses marines ont un trois fois rien qui montre l'immensité grâce à une densité des contrastes lumineux.
Il est le témoin de son époque en faisant les portraits d'Alexandre Dumas et surtout de l'Empereur Napoléon III avec l'impératrice Eugénie. Il saisit la réalité des camps militaires notamment avec l'impressionnant Panorama du camp de Châlons-sur-marne, l'Empire est alors à son apogée. Gustave le Gray terminera par une dernière expédition en Egypte où il effectuera des photographies impressionnantes allant de la pureté des lignes des pyramides au baroque saturé des colonnes en hiéroglyphes.
Le lieu de la bibliothèque Nationale est impérial avec sa montée des escaliers agrémentés d'un tapis rouge qui se trouve aussi dans les salles. Cette exposition a été minutieusement préparée et soignée du début jusqu'à la fin pour laisser au spectateur le plaisir de découvrir l'œuvre de Gustave le Gray.
Laurence Bagot
Infos pratiques
Exposition du 19 mars au 16 juin 2002
Photographe 1820-1884 :
L'œil d'or de la photographie
Bibliothèque Nationale de France
58, rue de Richelieu - 75 002 Paris
Tel : 01 53 79 59 59
Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique
Chronique par Laurence Bagot
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