Jean Dieuzaide
une douceur de vivre
Jean Dieuzaide est originaire du Sud Ouest, dès ses débuts en tant que photographe, il montre son attachement à sa région en en saisissant le quotidien. Toute la force de cette région s'exprime notamment dans la fureur des arènes de Toulouse lors d'une corrida. Puis il décline son regard et sa sensibilité vers les pays européens du Sud avec l'Espagne, le Portugal pays des pêcheurs, mais aussi la Turquie. Il montre la douceur de vivre et la dureté de certains métiers où des personnes travaillent grâce à la force de leur bras.
Ce sont essentiellement des scènes de vie où les personnages s'offrent face à l'objectif de l'appareil photographique. Une jeune mère s'affirme épanouie avec ses formes charnelles pulpeuses choyant son enfant en lui donnant le sein. Toute la sensualité demeure dans le subtil jeu de contraste du noir et blanc. Il réalise des images emblématiques avec l'enfant au lapin.
En 1944 il apparaît le seul à couvrir l'époque de la libération de Toulouse et à cette occasion il fait le premier grand portrait du Général de Gaulle. Tout ceci est un concours de circonstance où il effectue ses premiers reportages. Jean Dieuzaide au surnom Yan affirme son engagement envers le monde dans lequel il s' inscrit à son époque. Il effectuera également des portraits des figures phares de la littérature ou des Arts tels que Boris Vian avec sa trompette, ou encore l'étonnant et fantasque Salvador Dali émergeant dans l'eau avec des fleurs au bout de ses moustaches.
Puis en 1948, il réalise son premier livre sur la Gascogne, suivi de ses pays du Sud dont il est attaché, il y commence par montrer son goût pour l'architecture notamment au sujet de l'Art Roman. Il s'écarte du reportage et explore les perspectives architecturales qui mettent en avant des compositions presque abstraites.
Jean Dieuzaide a acquis une notoriété et reçoit le prix Niepce et le prix Nadar en 1961. Il est un homme généreux souhaitant partager son savoir en le promouvant à travers la création d'un site dédié à la photographie. De ce fait il fonde la galerie du château d'eau en 1974, c'est la première galerie municipale de photographie en France. D'ailleurs la galerie du château d'eau a depuis à son actif plus de trois cents expositions et monographies présentant les photographes du monde entier. (Site Internet : www.galeriechateaudeau.org ). A l'époque, Toulouse est la première ville en France à prodiguer un enseignement supérieur de photographie sous l'autorité du professeur Charles Fabre, auteur de la première Encyclopédie de la photographie (3 500 pages en 8 volumes).
Jean Dieuzaide ne cessera de chercher des nouveaux horizons photographiques, déjà il affirme son intérêt envers les lieux industriels comme les usines du début du XX siècle tel que l'usine AZDF à Toulouse. Puis il s'orientera vers la nature morte, il obtient des effets plus graphiques avec des tensions toujours entre le noir et le blanc. Ses recherches se poursuivent lorsqu'il effectue ses propres tirages au sels d'argent virés ou non partiellement à l'or.
Le parcours de Jean Dieuzaide s'instaure dans la lignée des grands photographes tel qu'Anita Corti. Il laisse une richesse de clichés et un savoir-faire incomparable, sans jamais oublier l'émotion, l'instant et sa fragilité au détriment de la technique.
Laurence Bagot
Infos pratiques
Exposition en février 2003
au Pavillon des Arts
Forum des Halles
Terrasse Lautréamont
Tél : 01 42 33 82 50
Site Internet Galerie du Chateau d'Eau :www.galeriechateaudeau.org
Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique
Chronique par Laurence Bagot
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