La critique d'Hervé Cornette
Et bien dites donc, les mois se suivent et ne se ressemblent pas. Mais alors pas du tout.
D’éminents critiques faisant références à d’autres éminents auteurs (ils ne savent pas assumer leurs opinions et ont toujours besoin de justifier par les autres) trouveront certainement plein de qualités cachées à la production de ce mois ci.
Allez, je faire rire mes compagnons du club dans lequel j’anime une séance d’examen de la production des membres.
D’abord un truc hyper simple : fermez les yeux, affichez la photo, ouvrez les yeux 3 secondes, fermez les yeux ou éteignez le projecteur et essayer de dire spontanément ce que vous avez vu en premier, quel est le sujet traité.
Ensuite réaffichez l’image et essayez de comprendre pourquoi vous avez vu ce que vous pensiez voir. Et après avoir décortiqué, demandez vous honnêtement s’il fallait prendre la photo (du temps de l’argentique, il y avait moins de déchets proportionnellement).
La première. J’ai fait l’exercice et je me suis souvenu de tâches jaunes sur un fond verdâtre, un pendule. J’ai réaffiché la photo, un pendule, puis, comme un doute et en agrandissant les sujets du mobile, j’ai vu comme des fleurs. Bref, rien de bien précis dans tout cela. Que dire ? L’éclairage : il n’est pas uniforme, il y a des zones claires, moins claires, d’autres foncées, ok s’il y avait un rythme, sinon, il faut essayer d’avoir une sorte de dégradé. Le cadrage : le mobile n’est pas isolé, on suppose qu’il se poursuit sur la gauche. Pour moi, ou on montre tout, ou on montre un détail, mais pas la moitié. Les lignes de forces : il n’y a aucune ligne qui puissent tenir le mobile. Bon, pourquoi avez-vous pris la photo, qu’avez-vous voulu montrer ? Fallait il faire la photo ? Non, même si ce mobile était une fleur si extraordinaire qu’elle fut.
La seconde. Idem et je me suis souvenu d’un portrait avec un fichu sur la tête. J’ai réaffiché la photo. Pourquoi en premier le fichu : éclairage très présent, donc masse blanche et le visage est modelé mais gris fade, il se perd, rien ne vient le rehausser. Le foulard est net, l’œil gauche au premier plan pas vraiment, là encore le foulard est privilégié. Cadrage : Elle est visiblement enjouée, son sourire est lumineux, mais pourquoi ne l’ai-je pas vu : le regard plonge, vers où ? Elle sourit, à qui ? Pourquoi ? L’œil droit est net, dommage on en voit que la moitié. Et pourtant il y avait de quoi faire avec ce sujet qui est visiblement rayonnant. Fallait-il faire la photo ? Oui, mais pas celle là.
La troisième. Idem et j’ai vu un visage luisant avec une peau très marquée. Lorsque j’ai réaffiché la photo, à nouveau ces reflets. Quel dommage, j’espère que vous êtes bien ami avec le modèle, car avec des yeux pareils à sa disposition, il y avait de quoi faire ! Quel gâchis. Eclairage : la première cause de l’échec. Il ne donne aucun, vraiment aucun modelé. On a tous la peau grasse, luisante sous les flashes mal dosés, quand on sait cela, ou dose différemment, ou on maquille le sujet pour matifier la peau. Cet éclair provoque une dissymétrie sur le fond, notre œil choisit la partie de la photo qui lui plait le plus, donc je ne fixe pas les yeux. La pose, tête penchée sur la droite fait gonfler le bas de la joue et votre modèle vieillit de 10 ans. La mèche dans les yeux est de trop. Et pourtant, les yeux sont très expressifs, les ridules participent à l’esthétique du regard. Fallait-il faire la photo ? Oui, mais pas celle là.
En résumé, pas terrible ce mois ci, pour moi, la principale cause : les photos ne sont pas raisonnées, puis l’autocritique n’est pas là. Bref, la facilité du numérique avec tout ce que cela comporte.
Facile, une fois qu’on a le matériel on shoote à tout va. Il y en a tellement que l’éditing est fait à la va vite. Et sur la masse on prend la moins mauvaise.
Faites le chemin inverse : pensez à ce que vous voulez mettre en valeur, regardez ce qui peut contribuer à cette mise en valeur, et shootez.
Au mois prochain.
H. Cornette
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