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Le vertige de la verticalité

Le vertige de la verticalité
chez Patrick Rimond


Le travail photographique de Patrick Rimond est hanté par des visions de paysages urbains dans lesquels il est amené à se rendre que ce soit au Japon ou encore en Pologne. Il a réalisé un Empire Urbain avec des visions d'une ville désertifiée par l'homme. Sa quête d'images plus ou moins abstraites est une façon de conquérir le monde sans que cela soit alimenté d'une volonté d'en effectuer un documentaire. Libre, il saisit sa perception du réel qui devient alors une projection mentale.


photographieLes photographies de Patrick Rimond réalisées dans son pays d'adoption le Japon, et plus spécifiquement dans la ville d'Osaka réunissent un corpus iconique où les formes architecturales dominent magistralement. La présence écrasante des immeubles régente la ville de structures géométriques plus ou moins hétérogènes. Ils se sont inéluctablement imposés au regard comme des sujets de prédilection presque de manière naturelle. Le lieu dans lequel il vit et avant tout un espace de projection où l'esprit libre constitue un imaginaire dont le support est la réalité. Les prises de vue photographiques demeurent brutes comme des traces indicielles au hasard des déambulations successives effectuées au cours du temps et des saisons. L'atmosphère générale de son travail photographique révèle une sensibilité à l'égard d'un éclairage cru taillant ainsi des formes contrastées d'ombres et de lumières à l'intérieur même de l'architecture urbaine. Patrick Rimond a une prédilection concernant une lumière surexposée ce qui confère aux images un caractère surréaliste. Le contexte urbain est alors parfois rongé par celle-ci. Il affirme également sa fascination vis à vis des lignes impressionnantes parcourant les lieux à l'infini. Les verticales et les horizontales à la fois écrasantes et vertigineuses créent un ensemble graphique où elles se croisent mutuellement. Ces compositions intuitives sont principalement déterminées par des formes géométriques constituant la matière première de son inspiration. Elles prennent souvent racine au sol et s'érigent vers le ciel telles des tours de Babel. Des courbes et des contre courbes viennent adoucir la rigueur implacable des formes rectangulaires des immeubles.


photographieLa perception de Patrick Rimond tend à magnifier les lieux grâce à une lumière tout en lui donnant une vitalité et réchauffant l'aspect froid des blocs monolithes des bâtiments. En revanche, les hauteurs impressionnantes des immeubles arrêtent le regard telle une porte qui se ferme devant soi. Les lieux de passage sont très importants, ils font le lien entre les espaces qui s'enchevêtrent les uns dans les autres. La particularité du travail vient du fait que la ville est souvent paradoxalement désertée par l'homme. Le photographe apparaît uniquement à titre exceptionnel en montrant l'échelle de celui-ci face au pied des immeubles ce qui rend mieux compte de l'immensité dans laquelle il est totalement immergé et presque étouffé. L'homme semble alors submergé par une ville tentaculaire, il paraît infiniment petit. Patrick Rimond laisse au spectateur imaginer le bruit de la ville et tout son mouvement infernal. Elle paraît incroyablement silencieuse, c'est un silence presque trop lourd et imposant. A travers les photographies il n'y a que les résidus et les indices de la vie humaine. La ville est un Empire qui engouffre tout sous ses ailes. La vision de Patrick Rimond au sujet de cet Empire Urbain demeure lucide puisqu'il est conscient qu'elle tend à asservir l'homme et à le déshumaniser du fait qu'il est un être anonyme qui a peu de résonance avec l'autre. Il cherche constamment à effectuer des relations entre le monde physique et son imaginaire lié à des envies, un besoin empirique de se saisir du réel de manière à mieux se l'approprier pour lutter contre les incertitudes. Prochainement un livre paraîtra sur son travail photographique sur le Japon avec la collaboration de l'écrivain Valentine Goby dans lequel elle écrit une douzaine de poèmes.


photographieParallèlement il a effectué une série de photographies en Pologne de l'univers passé des mineurs qui fût jadis un lieu de souffrances et de labeurs. La fin de l'industrie laisse sur son chemin des vestiges qui continuent à émouvoir des âmes poétiques. Son travail est issu d'un voyage et de sa fascination à l'égard de la Haute Silésie. Son regard s'émeut face à de puissants bâtiments éventrés et écorchés par le temps et l'usure. Les béances dans les murs et les fenêtres sont autant de trous de serrure qui ouvrent la porte à un univers en perdition également désertifié par l'homme. Les lieux furent photographiés en hiver ce qui confère un caractère iconique fantomatique où la réalité s'évanouit en laissant place à l'impalpable. Dans la mesure où ses photographies sont des projections, elles sont autant d'autoportraits et de témoignages de la sensibilité et des états d'âme de Patrick Rimond.

 

photographieProgramme et renseignements :

http://www.nova-polska.pl/fr/site/program/wy_in_

festiwal_nova_fabryka_paryz


Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :


Chronique par Laurence Bagot

Site : http://lbagot.free.fr

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Au service de la photographie depuis 2001