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Izis

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IZIS

Par : Roland Quilici


Bernard Plossu  évoquait  IZIS parmi les photographes qui ont marqué son enfance, dans un article d'Armelle Canitrot  pour le journal La Croix, ce qui m'a donné  envie de présenter ce photographe humaniste. Hasard de l'actualité, je découvre que la Maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly  programme une exposition "IZIS, dans les archives photographiques de Paris Match de 1949 à 1969", du 24 mai au 5 août 2007. C'est  une opportunité supplémentaire pour vous inviter à aller vous plonger dans l'univers poétique de ce grand nom de l'image contemporaine. Un livre " IZIS inédits " aux éditions Filipacchi est également au programme.

 

Israël Biderman est né à Marijampolé en Lituanie le 17 janvier 1911 dans une famille juive pauvre. Son père Uriel est propriétaire d'une petite échoppe dephotographie porcelaine. 1918, après l'indépendance de la Lituanie, il change de nom et devient  Israëlis Bidermanas. 1924, alors qu'il n'a que treize ans, son père lui propose de devenir menuisier, mais l'adolescent de  nature rêveuse  préfère quitter l'école pour devenir l'apprenti d'un des quatre photographes de son village. Passionné  par la peinture, c'est finalement la retouche des tirages, et l'art du portrait qu'il apprend de 1927 à 1930. Il passe ensuite une année à parcourir la campagne et les villes lituaniennes pour prendre des photographies de la vie familiale de ses compatriotes au côté d'un ami. Pour fuir la guerre, à dix neuf ans il prend la décision courageuse de partir pour Paris. C'est sans argent, et sans  papiers, qu'il arrive dans la ville des lumières en 1931 pour réaliser son rêve. Il ne connaît personne et ne parle pas un mot de français, ses débuts sont donc très durs. photographieMalgré toutes ces  difficultés, il réalise tout de même son rêve. Il échappe à l'holocauste, ce qui ne sera pas le cas de ses parents tués en 1941 et de son frère David tué en 1944 dans le ghetto de Kaunas. En1933 après avoir vécu dans la rue, il est embauché chez Arnal, célèbre studio de portrait du Boulevard Rochechouart. Il exerce également  auprès de son beau père avant son mariage. Il prend ensuite la gérance d'un studio de photographie rue Nationale dans le 13ème arrondissement de Paris, où il réalise des photographies de mariages, de communions, et des portraits en tous genres. Il aime cette activité manuelle, mais n'y voit qu'une façon de gagner sa vie. Il consacre ses moments de loisirs à aller voir des expositions de peinture. Anna sa première femme, lui donne un fils  Manuel Bidermanas en 1938, qui deviendra lui-même un personnage dans la photographie et dans la presse. Sous l'occupation allemande, en 1940, il est réfugié dans un village du Limousin à Ambazac, où il travaille clandestinement comme retoucheur pour des photographes locaux sous le nom d'Izis, contraction de son nom Israëlis. En Lituanie, son père et sa mère, sa belle sœur et sa petite fille sont assassinés par les Nazis avec toute la population juive de la ville de Marijampolé. 1944, il est arrêté par les Allemands, près de Limoges.photographie Il  tient  tête et refuse de dénoncer les villageois, malgré les sévices qui lui sont infligés. Finalement relâché, il s'engage dans la Résistance aux côtés des Forces Françaises de l'intérieur (FFI). C'est à ce moment que le cours de sa vie va changer. Avec un vieil  appareil à plaque, il demande à faire les portraits des maquisards qui viennent de libérer la ville. Il pense un instant à les faire poser comme il a appris, mais  se rend compte que ce serait trahir la réalité. Il leurs demande donc de poser avec des chemises sales et mal rasés tel qu'ils les a vus. Il devient ainsi un précurseur dans le genre de la photographie de reportage qui n'existe pas encore. Ces images font l'objet de quatre expositions intitulées "Ceux de Grammont vus par les soldats des FFI." à Limoges.

photographieCet événement lance sa carrière de photographe. De retour à Paris en 1945, il rencontre Brassaï, Laure Albin Guillot, puis reçoit les encouragements d'Emmanuel Sougez, et commence dès lors à appréhender l'usage de la photographie, avec une vision poétique personnelle. 1946 il se remarie et obtient  la naturalisation française. Il installe rue de Vouillé son studio photographique et expose à la Galerie La Boêtie, Paris, vu par Izis Bidermanas une centaine d'images de portraits et de vues de la capitale. Sollicité par Philippe Boegner directeur de Paris Match pour le premier numéro du journal, il  collabore dès 1949 et ce pendant vingt ans à de nombreux reportages sur le monde artistique et culturel  pour ce  célèbre journal d'actualité. On le surnomme " le spécialiste de l'endroit où il ne se passe rien ". Il se lie d'amitié avec Marc Chagall, rencontre Colette, Albert Camus, Calder, Paul Eluard, Aragon. Il publie son premier livre en 1950. "Paris des rêves" avec une préface de Jean Cocteau, qui devient un succès d'édition, avec 170 000 exemplaires vendus. Il voyage à Londres en compagnie de Prévert. C'est dans le quartier populaire de Whitechapel qu'il immortalise un homme en train de faire des bulles de savon, qui deviendra l'une de ses photos célèbres. photographieD'autres livres suivront : "Grand Bal du printemps 1951", "Charme de Londres 1952". IZIS rencontre Jacques Prévert en 1951. C'est le début d'une grande amitié et d'une collaboration qui donnera le jour à quatre livres. Invité du Muséum of Modern Art de New York, cette même année, c'est aux côtés de Henri Cartier-Bresson, Willy Ronis, Robert Doisneau et Brassaï que ces images figurent dans une exposition intitulée " Five french photographers ". photographieAvec Colette, en 1953, il publie "Paradis terrestre". Il  voyage en Israël, ce qui donne lieu à l'édition d'un livre du même nom préfacé par André Malraux, avec une couverture de Marc Chagall. IZIS est le seul photographe admis par Chagall en 1964 tandis qu'il peint le plafond de l'opéra de Paris, ce qui lui vaudra la publication d'un reportage de 20 pages dans Paris-Match. Fasciné par le monde du cirque et des fêtes foraines, il publie "Le Cirque d'IZIS", préfacé par J. Prévert, en 1965. Il quitte son emploi au sein du magazine d'actualité  en 1969 et signe "Le Monde de Chagall" aux éditions Gallimard. "Paris des poètes", est son dernier livre sorti en 1977 préfacé par son ami J. Prévert. Invité d'honneur des Rencontres Internationales d'Arles au côté de Lisette Model et William Klein en 1978, il meurt à Paris le 16 mai 1980. La foire du Trône, l'abbé Pierre, l'Algérie, Lourdes, Charlie Chaplin sont quelques-uns de ses sujets, avec une préférence pour la ville de Paris , dont les amoureux, les bords de Seine et Montmartre l'inspirent particulièrement. La création par la  peinture, puis plus tard avec la photographie lui ont  sans doute permis de transcender les traumatismes qu'il a endurés au cours de son existence. Moins connus que Brassaï, Cartier-Bresson, Doisneau, Ronis, ou Boubat, son  œuvre mérite d'être redécouverte.


Roland Quilici

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Chronique par Roland Quilici
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