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Manuel Alvarez Bravo

Par Roland Quilici

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Manuel Alvarez Bravo naît le 4 février 1902 à Mexico, dans un quartier situé en plein cœur de la ville. Né d’une famille nombreuse d’artistes : un grand père peintre, un père professeur de lycée qui pratique la photographie et la peinture en dilettante. Sa mère est la fille de l’artiste Manuel Alvarez Rivas.

Il passe son enfance, dans les faubourgs de Mexico, tandis que la révolution fait rage, et suit ses études primaires chez les frères de Marie, dans une école Catholique de 1908 à 1914.

A la mort de son père, il a 13 ans et est contraint de travailler comme employé aux écritures à la Trésorerie générale de la nation pour aider sa famille. Doué pour les chiffres, il étudie la comptabilité en suivant des cours du soir à l’école d’administration financière ce qui lui permet de gagner sa vie comme comptable jusqu’en 1931.

1915, il reçoit en cadeau un appareil Daguerréotype, et débute la photographie en prenant comme sujet, les pots et les casseroles qui se trouvent dans la cuisine de sa mère. Il apprend seul, trouve conseil auprès des commerçants de matériel photographiques, et découvre l’anglais sur les bouteilles de révélateur.

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1917, il prend des cours du soir de littérature, de musique et de peinture à l’académie des Beaux-Arts de San Carlos à Mexico. Il commence ses expérimentations photographiques en 1922.

1923, c’est Hugo Brehme, un photographe allemand de renom, ami de sa famille, qui lui inculque le savoir faire dans le laboratoire photographique de son studio. Ce photographe installé à Mexico, comme portraitiste, jouit d’une grande notoriété. C’est ainsi qu’il trouve l’inspiration.

1924, avec son premier appareil photo, un Century Master 25, il compose des paysages dans un style Pictorialiste, qu’il détruit plus tard, jugeant son travail trop proche de la peinture.

1926, il obtient le premier prix au concours local de photographie d’Oaxaca. Il épouse Lola Martinez de Anda, sa première femme qui devient également une photographe.

A Oaxaca, il travaille pour le ministère des finances. Il découvre les photographies modernistes d’Albert Renger Patzsch, d’Henri Cartier-Bresson, de Tina Modotti et d’Edward Weston au travers de magazines importés des USA.

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1927 de retour à Mexico, il ouvre une galerie avec sa femme dans leur maison où ils exposent de nombreux artistes, tel Rufino Tamayo (peintre), Gabriel Orozco (peintre), Diego Rivera (peintre) et Frida Kahlo (peintre), dont le père Guillermo Wilhelm Kahlo est photographe. Il fait connaissance de Tina Modotti, l’amie d’Edward Weston par l’entremise d’un peintre.

1929 il présente des photographies dans une exposition collective au Muséum de Berkeley, en Californie au côté d’Imogen Cunningham, Edward Weston, et Dorothea Lange. C’est Tina Modotti qui lui cède sa chambre Graflex, sur le quai de la gare, avant d’être expulsée du Mexique en 1930 pour ses activités politiques. Il devient photographe cette même année, influencé par la découverte de l'œuvre picturale de Pablo Picasso, par les photographies de Tina Modotti et d’Edward Weston qui admiratifs de ses images l’encouragent dans cette voie.

Il reprend l’activité photographique de celle-ci auprès du magazine « Mexican Folkways » ; avec des prises de vues de petits objets, et des portraits d’artistes et de musiciens. De 1929 à 1930 il enseigne la photographie à « l’Escuela Central de Ariès Plasticas » sous la direction de Diego Rivera.

Sa première exposition personnelle à lieu en 1932 à la « Galeria Posada » à Mexico. Peu de temps après, il fait connaissance avec Henri Cartier-Bresson.

Cette année là, il s’intéresse au cinéma et devient le photographe de plateau de Sergey Eisenstein sur le film « Que Viva Mexico », une œuvre inachevée qui ne voit pas de sortie en salle. Il fait la rencontre de Paul Strand (photographe et cinéaste) à Veracruz en 1933 alors que celui-ci travaille sur son film « Redes ».

1934, il réalise « Tehuantepec » son unique film (aujourd’hui perdu) qui a comme scénario une grève ouvrière, tout comme le film de Paul Strand. Il participe aux tournages de film avec Luis Buñuel et John Ford, toujours comme photographe.

1935 Julien Levy l’expose à New York dans sa galerie du 6O2, Madison Avenue dans «Documentary and Anti-Graphic Photographs »une exposition qui fait date.

Sa photo des chevaux de bois figure au côté des œuvres de jeunesse d’Henri Cartier-Bresson et de Walker Evans. Bien que proche d'artistes engagés, comme Paul O Higgins, ou Diego Rivera, il se distingue par son indépendance.

1936, il expose à la « Galeria Hipocampo » tenue par le poète mexicain Xavier Villaurrutia.

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Ses photographies s’apparentent à celles de Clarence John Laughlin, un photographe Américain, qui travaille à la Nouvelle Orléans à la même époque. Ils ont en commun, l’amour pour la littérature ou les cimetières, et font tous deux références à la mythologie dans des thèmes visuels aux titres poétiques. Ils utilisent à ce moment tous deux une chambre photographique.

Alvarez Bravo devient professeur de photographie à l’Académie des Beaux-Arts de San Carlos de 1938 à 1940, et fait connaissance d’André Breton.

Bien qu’il n’appartienne pas au mouvement surréaliste, il est fortement influencé par ce personnage. A la demande de l’écrivain, il réalise « La Bonne Renommée endormie » qui devient une de ses photographies emblématiques. Originellement prévue pour figurer sur la couverture du catalogue de l’exposition surréaliste, l’image qui présente une femme nue est censurée, elle trouve place à l’intérieur de l’ouvrage.

A partir de 1940, il tient un studio de photographie commerciale à Mexico, cela pendant seize ans.

1942, le MOMA lui achète des photographies. Il se marie avec Doris Heyden.

1943 il exerce la spécialité de photographe de plateau et de caméraman pour le Sindicato de Trabajadores de la Produccion Cinematografica de México.

1955, il est sélectionné pour présenter ses photographies à l’exposition « The Family of Man ».

Durant les années soixante Alvarez Bravo travaille comme photographe pour les livres d’arts publiés par le « Fondo Editorial de la Plastica Mexicana », un organisme qu’il a aidé à créer, au côté de Gabriel Figueroa (photographe), Leopoldo Mendez, Rafael Carrillo et Carlos Pellicer (écrivain).

Il y collabore jusqu’en 1980, date à laquelle il se consacre à constituer les collections du Musée Mexicain de la photographie qui ouvre ses portes en mars 1986.

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Parallèlement, il enseigne dans l’école de cinéma de Mexico. (Centro de Estudios Cinematográficos). Alors que ses cours sont désertés par les étudiants, en 1969 il fait connaissance de Graciela Iturbide, qui devient son assistante, puis son amie, avant de devenir une célébrité dans le milieu de la photographie au Mexique puis dans le monde.

Exposé à la galerie d’art Corcoran de Washington D.C., en1978, puis au Musée d’art photographique de San Diego (1990), il trouve la consécration avec l’exposition qui a lieu au MOMA en 1997 avec la présentation de 175 de ses photographies.

Son travail est couronné par de nombreuses récompenses : Prix Sourasky en 1974, Prix National du Mexique en 1975, prix Victor et Erna Hasselblad en 1984.

1987 il obtient le titre de « maître de la photographie » par l’International Center of photography de New York.

Il décède le 19 octobre 2002, à l’âge de 100 ans à Coyoacan, dans le quartier de Mexico qui l’a vu naître. Marié trois fois, Manuel Alvarez Bravo à passé le flambeau à Lola Alvarez Bravo, puis à Colette Urbajtel, sa troisième femme, qui est photographe, tout comme Genoveva, l’une de ses filles.

Sa recherche photographique présente l’art populaire avec une vision créative. L’évocation de nombreux sujets, tel, la solitude, la mort ou l’érotisme côtoie réalité et poésie. Bien que son œuvre soit constituée essentiellement de noir et blanc, il a également expérimenté l’usage de la photographie Polaroïd, y compris en couleur.

« Les photographies de Manuel Alvarez Bravo étaient des énigmes en noir et blanc, silencieuses mais néanmoins éloquentes : sans le dire, elles faisaient allusion à d’autres réalités, et sans les montrer évoquaient d’autres images. »
Octavio Paz


« L’œuvre de Manuel Alvarez Bravo est fermement enracinée dans son amour plein de compassion et de compréhension pour son pays, son peuple, leurs problèmes et leurs besoins. Il n’a jamais cessé d’explorer cette matière et la connaît de la façon la plus intime…Il souhaite nous parler avec chaleur du Mexique, comme Atget l’a fait de Paris. »
Paul Strand

Roland Quilici

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En savoir plus sur les illustrations de cet article :

Photo 1: Couverture du livre Manuel Alvaroz Bravo, Editeur Aperture, ISBN 978-0893817428
Photo 2: Couverture du livre Manuel Alvaroz Bravo, 100 years, 100 days Editeur Turner Publicaciones, 978-8475065113
Photo 3: Couverture du livre Lola Alvaroz Bravo, par Elizabeth Ferrer, Lola Alvarez Bravo, Nancy Grubb, Editeur Aperture/Center for Creatvie Photography, 978-1931788946
Photo 4: Couverture du livre Manuel Alvaroz Bravo, Henri Cartier-Bresson and Walker Evans : Documentary and Anti-Graphic Photographs par Daniel Girardin, Ian Jeffrey, Agnes Sire, Peter Galassi, Michel Tournier, Editeur Steidl, 978-3865210722
Photo 5: Couverture du livre Manuel Alvaroz Bravo, Photographs and Memories, Editeur Aperture, 978-0893817213

Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :

Chronique par Roland Quilici
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