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Erwin Wurm

Erwin Wurm,
la mise en scène décalée


Cette exposition bouleverse la perception des choses et surtout le rapport au corps et aux objets dans un espace défini. Tout d'abord Erwin Wurm utilise comme matériau son corps avec lequel il exerce des transformations, tout en détournant les objets de leur fonction initiale qui s'associent à lui. Ainsi il modifie l'aspect général de son être, d'un seul coup il est "Fat man with bad feelings". Il s'introduit des grosseurs sous ses vêtements ce qui donne une perception difforme de son corps. Puis il se référera également au corps de son entourage qu'il mettra sens dessus dessous. C'est le cas de sa série "One minute sculpture". Le corps est une sculpture qu'il modèle à sa guise. La photographie retranscrit et retrace l'évolution de ses performances corporelles. Il ne craint pas le grotesque, certainement parce qu'il est en partie le moyen d'exprimer sa critique sur l'usage du corps dans notre société. Dans la série double, le corps apparaît en tant que sculpture, il disparaît intégralement sous la masse vestimentaire, le vêtement moule la matière corporelle. La sobriété du décor contribue nécessairement à l'efficacité de la performance corporelle, rien ne fait obstacle à la mise en scène d'où cette neutralité dépouillée de l'espace. Une performance est réalisée avec plusieurs prises de vues qui construisent un grand tableau et ce sont des petites notes oranges qui se détachent sur un espace blanc. L'orange est issu de son pull-over, ce qui rythme sa performance et compose son œuvre. L'incongru, l'insolite règne dans l'ensemble de l'œuvre de Erwin Wurm et plus particulièrement lorsqu'il saisit des personnages bizarrement. Une jeune fille se prend la tête avec des fourchettes, un autre se promène avec des asperges dans le nez, dans d'autres photographies le personnage apparaît avec une seule partie du corps les jambes, tandis que l'autre partie est encastrée dans un mur ou dans une fenêtre, encore une tête surgit derrière un tiroir. Ces photographies sont prises à Taipei et à Cahors deux lieux dont la civilisation est très différente. Voilà du bizarre souligné de surréaliste et de surnaturel. L'hésitation du spectateur peut se situer entre le rire et la perplexité. A quoi ça rime tout cela?


Ce détournement de sens ne s'arrête pas seulement au corps mais s'effectue également avec les objets du quotidien, qui deviennent sculptures à leur tour par des positions atypiques. Ils sont déviés de leur posture initiale prévue pour un mode utilitaire. Des objets sont superposés érigés tout en hauteur : deux lits sont superposés où s'intercalent des matelas, un lit est incliné contre un escalier, à une table se superpose un matelas puis un fauteuil. D'une certaine manière, il redéfinit le sens des choses et de leurs fonctions. Leur fonctionnalité est désagrégée, désorientée. Par contre ces objets désorientés dans leur sens donnent le sens à l'œuvre de Wurm. Dans ce cas leur existence est absurde puisque à priori sans cohérence par rapport à des normes établies dans une société. Cette exposition surprend et déroute à la fois tout en engendrant la curiosité et l'intrigue.


Laurence Bagot


Infos pratiques


Exposition du 29 mai au 26 août 2002
Centre National de la Photographie
Hôtel Salomon de Rothschild
11 rue Berryer 75 008 Paris
www.cnp-photographie.com


Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique


Chronique par Laurence Bagot

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Au service de la photographie depuis 2001