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Raymond Depardon

Raymond Depardon


Par : Roland Quilici


Raymond Depardon est né le 6 juillet 1942 à Villefranche-sur-Saône. Fils cadet d’une famille d’agriculteurs bourguignons, il commence naturellement par photographier la ferme familiale du Garet, à l’âge de 12 ans, avec un appareil 6×6 de marque Lumière prêté par son frère aîné. Il passe bientôt au Rolleiflex qu’il achète d’occasion avec ses économies. Il sait très tôt qu’il veut échapper à sa destinée de reprendre la ferme de ses parents. La photographie devient donc son échappatoire. En 1956 il travaille durant six mois comme assistant d’un photographe opticien, avant d’apprendre la photographie par correspondance. Il  débarque à Paris en 1959 à 17 ans, et travaille comme photographe pour l’agence Dalmas. On l’envoie prendre des photos à la première du film de Jean Luc Godard « A bout de souffle ». Il apprend sur le tas le métier, en se faisant la main avec la sortie du conseil des Ministres. Il fait des portraits de comédiennes, notamment celui de Brigitte Bardot à Megève, et exerce à la manière des paparazzis (mot inventé par Federico Fellini, pour désigner les photographes People) en passant des heures à planquer pour obtenir des photos à tout prix. En 1960 il  effectue son service militaire en couvrant la guerre d’Algérie pour TAM, le journal du ministère de la Défense. photographieIl se découvre alors une attirance pour le Moyen-Orient et pour le désert qui deviendra un sujet prédominant dans son œuvre à venir. Après avoir quitté l’agence Dalmas, fin 1966, il devient l’un des membres fondateurs de l’agence de Presse Gamma, en janvier1967, au coté de son ami Gilles Caron, d’Hubert Henrotte, et d’Hugues Vassal. Il se voit confié des reportages dans les endroits du monde où la guerre fait rage, tels l’Afrique, le Vietnam, et le Cambodge. 1971, il est fait prisonnier au Tchad avec Michel Honorin, Robert Pledge et Gilles Caron. A la mort de ce dernier, qui  disparaît au Cambodge, il renonce temporairement au photojournalisme pendant deux ans, avant de reprendre en 1971 son activité de reporter. En 1973, il devient responsable de l’agence de Presse Gamma. Cette même année, il reçoit le prix Robert Capa qu’il partage avec Chas Geretsen et David Burnett, pour un reportage sur le Chili. De 1975 à 1977, il voyage au Tchad, et reçoit le prix Pulitzer en 1977. Il publie son premier livre qui s’intitule « Tchad » l’année suivante, puis quitte l’agence Gamma pour rejoindre l’agence Magnum dont il devient membre associé, puis membre honoraire en 1979. C’est le premier photojournaliste qui ose affirmer le point de vue subjectif sur son métier, avec un livre intitulé « Notes ». Ce livre qui fait date n’a été publié qu’à six cent exemplaires et demeure un livre clé pour comprendre la personnalité de ce photographe à la carrière prestigieuse. En 1969, il  tourne son premier film, à Prague, sur Jan Palach, un jeune étudiant qui s’est immolé par le feu pour protester contre la répression du régime soviétique. Il  réalise de nombreux films dont la plupart sont des documentaires : "Numéro zéro" (Prix Georges Sadoul), raconte la naissance du quotidien Le Matin de Paris. Avec « Reporter » (César du meilleur documentaire), il nous livre le récit des aventures de ses copains de l’agence Gamma. Avec « Faits divers », il côtoie les policiers du commissariat du 5ème  arrondissement de Paris.
 Il s’essaie ensuite à la fiction avec « Empty quarter » suivi de « Une femme en Afrique » qui fait partie de la Sélection officielle au Festival de Cannes, et de « La Captive du désert ». 

photographieAvec 17 films au compteur, il est autant cinéaste que photographe, et certains lui voient une filiation, avec un Jean Rouch, ou  Chris Marker. Il a publié de nombreux livres de photographies qui ont eu un fort retentissement. Ainsi en est-il de sa « Correspondance new-yorkaise » en 1981, commande du quotidien Libération où il publie une photo par jour durant un mois. C’est une grande première à l’initiative de Christian Caujolle, alors responsable du service photo de ce quotidien. Avec « San Clemente » en 1983, il signe un documentaire et un livre sur un asile psychiatrique, situé dans sur île près de Venise en Italie. Au final, cela donne des images bouleversantes.
En photographie, comme en peinture, il faut être patient, pour se voir accéder à une certaine reconnaissance. La notoriété, me direz-vous est souvent la juste récompense d’un long travail, et chez Raymond Depardon, il en est ainsi. Plus de 45 années à bourlinguer !
Trente trois ouvrages publiés, et l’on attend chez Arte vidéo, l’édition d’un coffret de 10 DVD pour la rentrée, qui contient l’essentiel de ses films. Nous reverrons prochainement les images de Raymond Depardon, qui travaille actuellement sur une commande publique, qui consiste à faire un état des lieux du territoire Français. Pour les fans, il a tourné une pub, avec Amélie Mauresmo.
photographieL’une des facettes de ce photographe, cinéaste, c’est son incessant questionnement à propos du monde qui nous entoure. Comment faire pour être le témoin de tant d’horreurs, sans y laisser des plumes ? Comment vivre avec toutes ces images sur la douleur ? Voilà quelques une des questions qui semblent hanter Raymond Depardon.
Sa réponse personnelle consiste à témoigner sur le Sida, l’apartheid, les sans-papiers, la prison, l’internement, la police, la justice… Depardon est courageux : il interroge.
Il  parle au travers de ses photographies de la solitude, du voyage, de la mort.
Chez Depardon, on voit clairement qu’il cherche à transcender la tristesse du monde, bien qu’il s’intéresse toujours au réel. Il revendique l’influence de Robert Frank, ou de Walker Evans. En juillet 2006, il s’est vu confié le rôle de commissaire d’exposition invité des Rencontres d’Arles, ce qui lui a valu un vif succès auprès du public.


Roland Quilici


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Chronique par Roland Quilici

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Au service de la photographie depuis 2001