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Cheng Jiagang

Par Céline Tabou

La photographie contemporaine s'invite en Chine. L'art est à la mode dans l'Empire du Milieu, de nombreux collectionneurs s'activent à trouver la perle rare. L'une d'elles est l'œuvre du photographe Cheng Jiagang.

Une galerie française à Pékin

La galerie Paris-Beijing a ouvert ses portes en 2006 dans le quartier d'art contemporain de Pékin, Dashanzi. Deux années de passion de la part de Flore Sassigneux et Romain Degoul qui se sont lancés dans l'aventure avec comme seul bagage, leur envie.

Le but de la galerie est de montrer aux chinois le travail de photographes occidentaux qu'ils ne connaissent pas et qui n'exposent pas en Asie. Le couple souhaite également promouvoir au niveau international, le travail de la nouvelle génération de photographes chinois. D'ailleurs, le premier a avoir exposé dans la galerie est Liu Ren, finaliste du concours de photographie pour jeunes artistes, organisé par l'ambassade de France en 2006.

Le succès est immédiat et inattendu. Romain Degoul indique que « Depuis que l'on est ouvert, nous n'avons eu que des retours positifs de la part des artistes, comme des visiteurs. Même s'ils ne font que regarder, ils voient des travaux recherchés et homogènes ». La photographie chinoise a donc de beaux jours devant elle et les visiteurs chinois auront ainsi l'opportunité de découvrir des photographes étrangers.

Cheng Jiagang, la nouvelle star de la photographie

photographieCheng Jiagang est né à Chongqing dans les années 60 et a vu la société changer sous ses yeux sans pouvoir faire quelque chose. C'est cette envie de montrer la réalité de ces changements et de les dénoncer, qui le décident à se consacrer à la photographie. Il met à nu, à travers ses photographies, les travers de la modernisation et du développement de la Chine. Son travail a été reconnu par le milieu, particulièrement lorsqu'il fait la couverture d'Art Basel à Miami en 2006, qui est l'une des foires d'art contemporain les plus réputées au monde.

En effet après des années d'études en architecture et de nombreux prix prestigieux, Cheng Jiagang décide de tout quitter pour poser un regard interrogateur sur les nouvelles constructions entreprises depuis ces dernières années. Exemple récent, la destruction d'anciens quartiers de Pékin au profit de grandes bâtisses modernes.

Un artiste engagé

Cheng Jiagang ne rejette pas sa responsabilité sur un système qu'il connait, il a d'ailleurs participé à la construction du barrage des Trois gorges, au transfert des eaux vers Pékin et à d'autres constructions et projets mis en place pour moderniser et développer la capitale et le pays tout entier. Il déclare « Maintenant on pense que c'est une bonne chose mais peut-être que dans 50 ans, ces constructions subiront le même sort que la Third Line. Le développement, au prix de quel sacrifice ? »

La « Third Line » est le nom donné aux villes devenues désertes depuis que Deng Xiaoping a lancé la Chine sur l'économie de Marché. Explication. Durant les années 1960, Mao Zedong voulait éloigner les usines d'armement et les industries lourdes de la frontière soviétique. Il a, pour cela, déplacé ces usines vers les provinces du sud du pays : Yunnan, Sichuan et Guizhou. Des millions de chinois ont donc migré vers ces provinces. Mais une quinzaine d'années plus tard, la Chine change de cap et ferme toutes ces usines obligeant la population à s'exiler dans les grandes métropoles, désertant ainsi les villes industrielles du sud.

Des photographies empreintes de réalité

C'est cette désertion que Cheng Jiagang montre à travers ses photographies qui possèdent des couleurs très représentatives de l'univers de l'industrie lourde: le gris, le noir et le marron. Il y a toutefois une certaine douceur dans ses clichés. Cette douceur se traduit par la présence d'une jeune femme, le plus souvent habillée d'un qipao (vêtement des années 1930) ou de vêtements plus modernes. C'est le charme dans la dureté de la réalité.

Cheng Jiagang prend en photo la vie de tous les jours, qui est en perpétuel mouvement, mais au centre de celle-ci se trouve un ou des personnages, pouvant être un homme âgé, un groupe, des enfants, une ou plusieurs jeunes femmes, un couple qui vivent dans ces « villes fantômes ».

A travers ces clichés, Cheng Jiagang veut donc dévoiler au monde « l'absurdité de cette course au développement ». Son travail a fini par payer, lorsque l'une de ses photos a été vendue aux enchères de Sotheby's à New York en octobre 2006, pour un montant de 37 000 dollars. D'autres clichés ont également été achetés par le Moma et le Centre International de la Photographie a New York. Conscient de cette soudaine renommée, Cheng Jiagang explique « Je ne suis pas encore habitué au succès. J'ai vraiment été surpris. Mais il faut que j'aille encore plus loin pour atteindre la vraie réussite car j'ai encore plein de choses à raconter. Pour moi, ce n'est pas encore parfait. »

Pour plus d’information :

Galerie Paris-Beijing
Old Factory 798, Art District
Dashanzi, 4, Jiu Xian Qiao Lu
100015 Beijing
Tel : 8459-9263
Site internet : www.parisbeijingphotogallery.com  

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Céline Tabou
Evènements, Asie
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http://celinetabou.wordpress.com

 
Au service de la photographie depuis 2001