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De Killarney au Connemara

 


 

Par Rémy Pilliard

De Killarney au Connemara (ouest de l'Irlande)

De l'Irlande, on connaît ses vertes prairies, ses moutons, ses habitants et son temps venteux et pluvieux. Ce sont là des clichés un peu tristounets comparés à ce qu'elle est réellement. Pour le passionné de bronzette et de plages au soleil, l'Irlande n'est certainement pas ce qu'il lui faut. Mais en s’accommodant des quelques menus désagréments météorologiques et avec un bon équi­pement vestimentaire, il y a pleins de trésors à découvrir en Irlande. Certains endroits ont même de quoi faire pâlir de jalousies quelques parcs nationaux américains, la grandeur et les distances en moins, évidemment. Au menu météo, il faut remarquer que, ce que certains appellent le mauvais temps ne dure pas longtemps. Constamment balayée par les vents de l'Atlantique, l'Ir­lande a un climat aussi changeant que varié, passant de la pluie au soleil en quelques heures. A quelques exceptions près, la pluie n'a pas vraiment le monopole de la journée mais il faut bien compter sur son passage, parfois bref, au moins une fois par jour.
Par goût pour la comparaison avec les parcs nationaux de l'autre côté de la Grande Gouille (une gouille est aux Suisses ce que la flaque d'eau est aux Français) notre périple commence au parc national de Killarney, dans le sud-ouest du pays, à un peu plus d'une heure de route du port de Cork, proche de la côte atlantique. Au bord d'un petit lac, près de la ville du même nom, le Killarney National Park offre à ses visiteurs une étendue boisée et verdoyante pour des heures de promenade dans la nature, sauvage mais accueillante. Au sud du petit lac, l'entrée du parc n'est pas directement liée avec un poste de contrôle ni aucun bâtiment administratif. Une grande zone de Parking permet aux visiteurs d'y laisser leur véhicule pour partir à pied sur des chemins bien balisés et entretenus, à moins qu'il ne préfère se faire conduire en calèche à cheval jusqu'au centre névralgique du parc. Dans cet ancien château datant de la renaissance, un musée y a été aménagé pour vanter les beautés de la nature et de l'environnement local. On peut y concocter sa virée avec l'aide avisée des conseillers du parc.
Après une longue balade au milieu des chants d’oiseaux et parmi cette nature calme et sereine, avec en plus la chance d'un ciel fort clément, notre route nous conduit vers la mer pour faire le tour de la péninsule d'Iveragh dans ce que les gens d'ici appellent l'anneau du Kerry. Nous n'allons pas emprunter le vrai anneau de Kerry car celui-ci est un chemin pédestre qui commence et s'achève à Killarney après avoir fait le tour de cette péninsule et le temps manque pour cela. Mais tout de même, la route suit approximativement le même tracé ce qui nous permet d'en profiter. Le long de ces côtes en pente douce qui se termine presque systématiquement en falaise, la route sillonne sur la hauteur parmi les pâturages de moutons et s'arrête, ça et là, dans un virage aménagé en place de parc pour permettre au visiteur d'admirer tant le paysage que les bienfaits de la nature. A Watterville, un peu à mi-chemin de l'anneau, un petite crique accueillante avoue avoir eu un célèbre visiteur en la personne de Charles Chaplin qui venait y passer ses villégiatures.
Comme en Ecosse, l'Irlande possède des châteaux, pas tous hantés mais certains dans un état d'abandon ou seule la nature a su garder à ce genre de monument humain un air majestueux dans le paysages des souvenirs. C'est le cas du Ballycarberry Castle, situé un peu en marge du circuit que nous parcourons mais qui valait le détour. Après être passé à côté d'une relique des chemins de fers irlandais, posée à côté d'un petit château privé et au bout d'un vieux pont de fer rouillé et abandonné, nous traversons un long pont de pierre, juste assez large pour laisser passer un camion. Vu sa longueur, nous croisons les doigts pour ne pas en rencontrer un en chemin. Sans aucun indicateur spécifique autre qu'une flèche brune indiquant une curiosité touristique, nous voici un peu perdu à tourner sur des petits chemins de campagne étroits bordés de murets qui nous cachent la visibilité et nous laissent entrevoir les quelques rares fermes et maison à côté des­quelles nous passons.  Après quelques minutes et cette impression de tourner en rond, nous attei­gnons un bord de mer avec, sur notre gauche un terrain vide sur lequel trône fièrement une re­lique de château dont la plupart des murs doivent leur salut et leur stature à la végétation qui les soutiennent.
L'Irlande n'est pas connue que pour son mauvais temps, heureusement. Ses bars et sa musique ont largement contribué à une renommée universelle. Et qui dit musique dans les bars ne peut manquer de passer par l'incontournable ville de Dingle. En gaélique, cette ville s'appelle An Daingean, qu'il est peut être important de connaître car depuis quelques années, les Irlandais on décidé d'indiquer leurs cités en langue régionale sur leurs panneaux de circulation. Ce n'est parfois pas évident mais très souvent les deux noms se côtoient. Sauf, évidemment, autour de Dingle qui, dans un cercle d'environ 20 km n'est plus indiquée qu'en gaélique, les autres noms ayant été soi­gneusement noircis. Qu'à cela ne tienne, Dingle possède de nombreux petits bars et pubs sur la route le long du port, offrant chacun un récital de musiciens locaux aussi variés qu'intéressants. Tout y passe dans les registres de la musique folklorique locale, y compris cette sorte de cor­nemuse à flûtes multiples que le musicien manie tant avec les mains que les jambes, les genoux et les coudes. Il faut vraiment parler de virtuoses d'autant plus que ce sont des amateurs. Après cet intermède plutôt nocturne, la péninsule de Dingle va nous révéler des charmes insoupçonnés. Une route bordée de murets de pierre qui longent les falaises et où les goélands se font prendre en photo comme des stars et sans crainte de l'homme, des falaises où la houle et le brouillard font apparaître des reliefs aux contours pittoresques, des criques gardées par de petites montagnes pointues et des maisons de pierre au style typiquement irlandais mais combien accueillantes. Mais il n'y a pas que les goélands qui se prennent pour des stars. Au détour d'un chemin, des chiens de bergers en totale liberté se prennent des airs de guide pour vous accompagner sur votre chemin ou se prélassent sans souci dans un rayon de soleil aléatoire.
Après Dingle et sa péninsule, ses musiques et ses animaux, nous nous dirigeons vers le nord, passant un petit col, le Conor Pass, pour le plaisir de nos yeux, pour nous diriger vers une parmi les nombreuses curiosités géologiques d'Irlande, les falaises de Moher. Ces « Cliffs of Moher » à ne pas confondre avec le mohair qui est une race de chèvre asiatique réputée pour sa laine, s'étendent au loin dans l'océan Atlantique, bravant fièrement les flots du haut de leurs 214 mètres. Repaire de nombreux animaux marins, cette petite presqu'île a dû être fermée aux touristes pour les protéger. Elle n'en reste pas moins un monument naturel exceptionnel. Comme pour protéger ce pan de terre, les hommes on érigé à proximité la tour O'Brien qui, plus qu'un endroit fortifié, servait comme tour de guet et de repère pour les navigateurs. Photographiquement, grâce aux ca­prices du ciel, il est possible d'y créer sans trop de peine, des images fortes et pleines de senti­ments.
Au nord de ces falaises, à une vingtaine de minutes de route, nous avons découvert des preuves que l'Irlande est issue d'éruptions volcaniques, en un lieu peu fréquenté parce que pas très specta­culaire, des roches lisses et ondulées, présentant un quadrillage qui paraît surnaturel. Ces roches calcaires, situées près du village de Ballyvaughan, et appelées « The Burren »  doivent leur forme géométrique au ruissellement des eaux.
Passant par Gallway, une ville désormais célèbre grâce à des industries informatiques, nous ar­rivons vers le but de notre voyage, le Connemara, (en gaélique Conmaicne Mara ) vaste et magni­fique région. Pour la visiter, nous avons choisi de nous établir dans une petite bourgade pas trop loin de la mer et assez centrée dans la région, Clifden. De là nous allons pouvoir rayonner vers la route du ciel (Sky Road), l'abbaye de Kylemore, le parc national, les chutes pittoresque de « Ash­leagh Falls » et les nombreux petits lacs bordés de basses montagnes et peuplées de moutons et de bruyères. Comme souvent, nous voyageons avec la pluie et dès que nous approchons de notre but, le soleil nous fait découvrir des merveilles mais aussi des sujets photographiques appré­ciables. Particulièrement visuels, tous ces changements de temps rapides font apparaître des quantités d'arc-en-ciel donnant aux paysages des impressions presque paradisiaques, juste la température en moins.
Clifden est une charmante petite ville, presque un village, avec ses maisons aux parois colorées bordant les deux rues principales légèrement en pente. Construite sur une sorte d'éperon rocheux, au fond d'un affaissement géologique, Clifden constitue un centre névralgique vers la mer, par une crique allongée qui vient se terminer à quelques centaines de mètres des portes de la ville pourtant surélevée, tout en étant au centre des routes qui partent soit vers Gallway, soit vers Kylemore puis le centre du Connemara et le nord. Surplombant cette crique qui donne accès à la mer, une colline oblongue accompagne comme un doigt en relief, le contour du bord de mer. C'est sur ce doigt rocheux que se situe la route du ciel (Sky Road). Longue d'à peine plus de 6 km, cette petite route arpente le sommet tout en restant à distance du bord de mer comme si elle craignait les affres de la tempête. Comme de coutume, lors de notre promenade sur ces hauteurs, un gentil chien de berger à la langue pendante vient nous accompagner avec son air de dire : « voyez comme il est beau mon pays!  » Et à chaque fois que nous nous arrêtions pour contempler ou prendre des photos, le brave animal revenait et nous attendait bien sagement, nous montrant au passage ces petites choses qui font le charme de cette région. Au détour du chemin, parfois, nous rencontrons des édifices d'un autre âge mais qui ont su résister au temps et à la modernisation, des ponts de pierre à arches, ou d'autres que le temps a vieilli mais qui grâce, encore une fois, aux bontés du ciel, leur donnent un charme particulier.
Parant à l'intérieur du Connemara, il ne saurait être question de manquer l'abbaye de Kylemore, lieux de pèlerinage de nombreux irlandais et irlandaises, qui fut une école réputée au XIVè et au début du XXè siècle mais qui représente également un caractère architectural remarquable. Tapie au fond d'une vallée et à proximité d'un petit lac, l'image de cette construction est idyllique. Comme la Norvège est faite de fjords, l'Irlande regorge de criques étroites et allongées qui s'in­filtrent à l'intérieur des terres. A la pointe de l'une d'entre-elles, en continuant vers le nord après l'abbaye de Kilemore, de pittoresques chutes d'eau aux couleurs du whisky agrémentent le paysage de leur rideau jaune et brun ; les « Ashleagh Falls ».
Plus loin, dans le coucher de soleil, toujours avec l'aide du ciel qui se dégage après la pluie, les petits lacs dessinent des décors de science fiction ou des paradis de lumières aux reflets sombres et intrigants. Sur les pentes des collines remplies de petits murets qui séparent les propriétés ter­riennes comme des patchworks de tissus, des moutons paissent paisiblement en liberté. Parsemé de collines et de petites montagnes, le Connemara s'étend entre cols et petits lacs, entre prairies en pente douces et chemins caillouteux, en de nombreux paysages que les amoureux de balades dans la natures ne peuvent laisser de côté. Sans oublier les couleurs changeantes à la vitesse de la lumière, ou plus exactement à la vitesse où la lumière change au gré du vent et des caprices du temps, tels ces Fuchsias d'un rouge éclatant que l'on retrouve un peu partout et qui brillent de tous leurs éclats au moindre rayon de soleil. Mais il y en a tant qu'il faudra faire des choix. Surtout si le temps disponible est limité. Cependant quel qu'il soit, ce choix sera toujours judicieux car cette contrée regorge d'endroits inoubliables tant du point du vue visuel que par l'impression de calme, de tranquillité et de bonheur qui s'en dégage.
L'Irlande est une petite île aux regard de notre planète, avec tant de choses à voir, de possibilités de s'en mettre plein la vue et de se créer des souvenirs à ne plus savoir qu'en faire. Cette balade de quelques 500 km aurait largement mérité plus que les deux semaines que nous avons pu y consacrer. C'est toutefois, au niveau des images et des émotions, sans parler des nombreuses ren­contres, un souvenir de bonheur. Ce carnet est trop petit pour pouvoir transmettre toutes les émo­tions, toutes les images, toutes les rencontres, les sentiments et les joies de ce voyage. Il en est de même pour toutes les personnes et les habitants fort accueillants que nous avons rencontré et qui nous ont accueilli. Il faudrait pour cela la place d'un album plutôt que d'un carnet. L'essentiel étant cependant qu'il puisse être connu et sache transmettre un petit peu du bonheur que nous y avons rencontré et d'agréables moments accompagnés d'images qui valent plus que des souvenirs.

Rémy Pilliard
Images de l'auteur.

Commentaires par images

Lgd1="1 Parc de Killarney";
Lgd2="2 En sortant de Killarney";
Lgd3="3 Ring of Kerry";
Lgd4="4 Mouton irlandais";
Lgd5="5 Relique des chemins de fer";
Lgd6="6 Ballycarberry Castle";
Lgd7="7 Route côtière ";
Lgd8="8 Goéland La Star";
Lgd9="9 La crique aux pics";
Lgd10="10 Col d'Irlande";
Lgd11="11  Cliffs of Moher";
Lgd12="12 O'Brien's Tower" ;
Lgd13="13 The Burren";
Lgd14="14 Bienvenue au Connemara";
Lgd15="15 Clifden";
Lgd16="16 Pont de pierre ";
Lgd17="17 Embellissement du vieux bateau";
Lgd18="18 Chien guide ";
Lgd19="19 Kylemore Abbey ";
Lgd20="20 Le Whisky de'Ashleagh Falls";
Lgd21="21 Décors lumineux";
Lgd22="22 Rouge-fuchsia";

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