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Cornell Capa

Par Roland Quilici

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photographie« L’époque dans laquelle j’ai grandi fait partie de ma conscience et de ma photographie. Je n’étais pas un photographe d’art et ne le suis jamais devenu. Je n’ai jamais photographié un paysage qui ne fasse partie d’une histoire. Si je voyais un paysan travaillant dans un champ-tâche qui lui était rude-, alors je prenais une photo d’un paysan avec un champ. Mais  je n’ai jamais pris le champ sans le paysan. »
Cornell Capa

« Les images isolées ne sont pas les plus représentatives de mon travail. Ce que je fais de mieux, ce sont plutôt des groupes de photos reliées entre elles qui racontent des histoires. Mes images sont les ‘mots’ qui font des ‘phrases’, qui, à leur tour, constituent l’histoire(…).Je ne fais pas d’images valables seulement du point de vue esthétique. »
Cornell Capa, in Camera, oct.1963.

Kornell Friedmann naît le 10 avril 1918 à Budapest, en Hongrie, dans une famille juive. Il est le troisième fils de Dezso et Julia Berkovits Friedmann. Ses parents sont propriétaires d’un magasin de prêt-à-porter, à Pest, où son père exerce comme tailleur. Il à deux frères plus âgés, László qui meurt de maladie en 1935, et  l’autre n’est autre qu’André Friedman, plus connu sous le nom de Robert Capa, qui va devenir le photoreporter le plus célèbre de l’histoire, avec son cliché du milicien espagnol tué en pleine action, et ses images mythiques du débarquement de 1945.

1936 : à 18 ans, ses études secondaires achevées à l’Imre Madach Gymnasium, il part rejoindre son frère Robert, à Paris, avec l’intention d’y poursuivre des études de médecine. Ne parlant pas le Français, il est l’assistant de son frère. Dans une chambre d’hôtel occupé par ce dernier, la nuit, il développe et tire ses photos, ainsi que celle d’Henri Cartier-Bresson et de David  Seymour (Chim). Le jour il travaille au studio d’Emeric Féher, un photographe Hongrois ami, qui lui permet de faire sécher les épreuves sur sa glaceuse. Influencé par ces personnages haut en couleur, il trouve dans la photographie, une voie qui peut influencer  les gens –chose primordiale pour lui – et renonce à son ambition de jeunesse.

On le surnomme " the Little Capa."

1937 : il part avec sa mère à New-York, où il continue son travail de tireur auprès de l’agence Pix.  Avec l’aphotographieide de son frère, il entre, cette même année au laboratoire photographique du magazine Life, où il travaillera jusqu’en 1941.

1939 : son 1er sujet sur la foire de New York paraît dans le journal anglais Picture Post.

1940, il se marie avec Edith Schwartz (décède en 2001).

1941, il s’engage dans l’US Air Force, où avec le grade de sergent, il sert dans l’unité « Photo-Intelligence », jusqu’en 1945.

1943, Il obtient la citoyenneté américaine, et change son nom, tout comme son frère pour celui de Capa, inspiré par le nom du réalisateur de cinéma Frank Cappra.    

1946, il devient photographe permanent pour Life, magazine avec lequel il collabore jusqu’en 1954, alors que son frère et 3 autres photographes créent une coopérative : l'agence Magnum.

Il est nommé vice président de l’American Society of Magazine Photographers de 1953 à 1955.

1955 à1967, il collabore pour ce même magazine en free lance.
Il parcourt les Etats Unis avant d’être envoyé en Angleterre.

Il signe plusieurs couvertures, avec des portraits de Jack Paar, un célèbre animateur de télévision américain, de Grandma Moses (artiste peintre), ou de Clark Gable qu’il photographie sur le tournage du film The Misfits, au côté de Marilyn Monroe, en 1960.

Il se distingue avec un sujet sur les enfants retardés mentaux en Nouvelle Angleterre en 1954, puis réalise des reportages sociaux, avec notamment, la vieillesse en Amérique.

Son frère, Robert Capa, meurt le 25 mai 1954, à Thaï Binh, en Indochine. Quelques semaines après, c'est Werner Bischoff, l’un de ses amis proche et autre membre de l'agence Magnum co-fondée par son frère en 1947 qui disparaît. Il accepte alors de se joindre à l’agence Magnum, pour faire perdurer l’esprit de son frère, après avoir démissionné de Life.

Cornell confie au journal Newsweek, en 1994, que du jour de la disparition de son frère, il est hanté par la question de savoir quoi faire des archives photographiques, et de quelle façon, il peut faire vivre l’œuvre de son frère Robert Capa.

Il documente la répression péroniste en Argentine, signant un étonnant portrait de Juan Peron.

Il voyage en Union Soviétique, pour un reportage sur les moines de l’Eglise orthodoxe.

Après le décès de son ami David Seymour, un autre photographe fondateur de Magnum, le 10 novembre 1956 à El Quantara en Égypte, il est élu président de l’agence, fonction qu’il occupe jusqu’en 1959.

Il introduit l’idée auprès de grandes entreprises, d’illustrer leur rapport annuel en faisant appel aux photographes de Magnum.

1957 Retarded Children Can Be Helped, est son premier livre, issu d’un projet débuté en 1954 sur les enfants retardés mentaux.

Il couvre les campagnes électorales de figures politiques Américaines, telles que John et Robert Kennedy, Adlai Stevenson et Nelson Rockefeller, ou Barry Goldwater.

1958, il fonde la "Robert Capa / David Seymour Photographic Foundation" en Israël, et réalise un sujet sur la compagnie de ballet du Bolchoï à Moscou.

Il effectue plusieurs voyages en Amérique Latine qui aboutissent  à la publication de Farewell to Eden (1964), le premier livre d’une trilogie sur ce sujet, fruit de cinq années passés auprès des indigènes Amahuaca.

Avec Matthew Huxley, écrivain et anthropologue, il documente ainsi une étude de la destruction de la culture de ces indiens andins d’Amazone.

photographieMars 1960, il couvre la campagne des élections primaires dans le Wisconsin, pour Life, et rencontre le sénateur John F. Kennedy pour la première fois. Partisan d’Adlai Stevenson, candidat à la présidence qu’il a suivi en 1952 et 1956, il se laisse convaincre par le charisme dont fait preuve ce nouveau candidat qu’il est amené à photographier en juillet, à Los Angeles pour les assises nationales.

Le sénateur Robert Kennedy élu, Capa le suit durant le reste de sa campagne présidentielle, signant de nombreux clichés d’anthologie.

Il décide alors de faire un livre qui raconte les 100 premiers jours de la présidence, en collaboration avec Elliott Erwitt, Henri Cartier-Bresson,  Marc Riboud, Burt Glinn, Inge Morath, Constantine Manos, Nicholas Tikhomiroff, et Dennis Stock. Let Us Begin: The First 100 Days of the Kennedy Administration, reçoit un excellent accueil. Les images sont qualifiées par Time  « D’histoire instantanée». La photographie qu’il prend en1961 du président Kennedy assis dans son fauteuil de la Maison Blanche est longtemps restée une photo symbole.

Un livre intitulé JFK For President, édité aux éditions Steidl en 2004, a fait l’objet d’une exposition au Rencontres de la Photographie en 2006.

1965, devant la disparition de nombreux magazines d’actualité, et face à l’avènement de la presse télévisuelle, il crée l’ “International Fund for Concerned Photography ” à New York, en mémoire des photographes qui comme son frères sont morts dans l’exercice de leur profession. On lui doit l’usage d’un terme depuis largement utilisé, qui est celui de « concerned Photographer », (photographe concerné), qui signifie un engagement éthique dans la pratique du photojournaliste.

1967, il est envoyé en Israël, où il couvre la guerre des six jours. Cette même année, il organise la première exposition de la série (de deux) « Concerned Photographer ».

New Breed on Wall Street, un livre publié en 1969 est un modèle d’étude sur la génération des nouveaux entrepreneurs.

1972, il se rend en Chine pour photographier la grande muraille.

1974, il abandonne la photographie pour se consacrer à la création de L'"International Center for Photography", deux ans après la première mort de Life, en partie due à l’avènement des médias télévisés, à une période, ou seules deux ou trois galeries présentent de la photographie.

L’ICP de New York, ce lieu entièrement dédié à la photographie, et dont il assure les fonctions de directeur jusqu’en1994, lui permet de conserver les archives photographiques de son frère, et de présenter des photographes ayant marqué l’histoire du photojournalisme, à commencer par  Werner Bischof, Leonard Freed, André Kertész, David Seymour(Chim), ou Dan Weiner, etc…

1974 voit la publication de Margin of Life: Population and Poverty in the Americas, accompagné de textes de J. Mayone Stycos.

1975, il reçoit le Honor Award de l’American Society of Magazine Photographer.

A partir de la fin des années 1980, l'ICP s’ouvre de plus en plus à de nombreux photographes représentant des tendances artistiques de la photographie contemporaine.

1999, on lui décerne le Lifetime Achievement Award de l’Aperture Foundation.

Il collabore à la réalisation de nombreux livres et à des expositions photographiques.

Cornell Capa est décédé vendredi 23 mai 2008, à l’âge de 90ans.

Si l'on évoque le nom de Capa, on pense immanquablement à Robert Capa, mais que saurait-on de lui, si son frère n'avait pas passé sa vie à porter son œuvre ?
Si ce n'est la photographie du soldat républicain fauché par une balle et celle du débarquement de Normandie, et quelques reportages pour Life.
Le Capa, le cadet, a lui aussi su acquérir une notoriété non négligeable, surtout outre atlantique, et plus particulièrement à New-York.
Certains se souviendront de lui comme photographe, d'autres comme le fondateur et le directeur de l'International Center of Photography.
Cornell Capa restera également dans les mémoires comme un humaniste qui a promu la photographie et le photojournalisme avec persévérance et talent tout au long de sa vie.

En savoir  plus sur les illustrations de cet article :

Photo 1 : Jfk For President by Richard Whelan, Cornell Capa - Editeur Steidl/ICP - ISBN-13: 978-3865210647

Photo 2 : Cornell Capa by Cornell Capa, Richard Whelan, Peter Fetterman - Edideur Peter Fetterman Gallery - ISBN-13: 978-0971276505

Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :

Chronique par Roland Quilici
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